Ma Semaine Twitter 28 de 2024
Aux Etats-Unis, Vanguard continue d'écraser les prix de la gestion : 0,08% en moyenne pondérée des encours
Décidément, Cathie Wood a la foi chevillée au corps. La société de gestion qu’elle a fondée en 2014, Ark Invest, a beau détenir la palme de la plus forte destruction de valeur sur 10 ans aux Etats-Unis1, elle continue de promettre la lune à ses fidèles.
Elle a même mis en avant, dans un tweet depuis détruit mais précieusement archivé par Citrini Research, les moins-values engrangées par ses fonds, qui viendront s’imputer contre les futures plus-values et réduiront la taxation des gains en capitaux.
Magnifique ! Certains gérants actifs osent tout, c’est même à cela qu’on les reconnaît !
Notre capacité à générer d’importantes moins-values ?
“Un actif associé à nos stratégies qui n’est pas apprécié à sa juste valeur.”
Cathie Wood a même pris la plume le 10 juillet pour demander aux investisseurs d’être patients et de garder la foi, alors qu’ARK Innovation ETF (ARKK), le produit-phare, est 72% sous son plus-haut historique et que les indices actions Etats-Unis sont au plus haut.
Nos mauvaises performances ?
C’est à cause de la hausse des taux de 2022.
Mais n’ayez pas peur,
[r]econnaissant pleinement que l’environnement macro-économique et certains de nos choix de valeurs ont mis à mal notre performance récente, je voudrais que vous sachiez que notre engagement à investir dans l’innovation disruptive n’a pas fléchi. Premièrement, selon nous, de nombreuses valeurs associées à l’innovation vraiment disruptive sont entrées dans un territoire rarement exploré, celui de la deep value. Deuxièmement, si les taux d’intérêt partent à la baisse, nous pensons que les stratégies d’innovation disruptive différenciantes d’Ark Invest devraient bénéficier de façon disproportionnée, comme elles l’avaient fait au 4è trimestre 2023 et durant la crise du coronavirus.
Wood insiste à juste titre sur le fait qu’Ark Invest est un gérant vraiment actif, ce qu’atteste l’active share très élevée d’ARKK par rapport au S&P 500 et au Nasdaq 100.
Mais voilà, une active share élevée n’est pas une condition suffisante à la surperformance. Dans le cas d’ARKK, c’est même l’inverse.
C’est dur d’être un gérant vraiment actif. Il faut toujours inventer de nouvelles excuses. Et faire des prédictions abracadabrantesques, comme par exemple le dernier objectif de cours d’Ark Invest pour Tesla2 : 2600 $ en 2029.
Le 15 juillet 2024 à 15h35 heure de Paris, l’action était à 259 $.
J'ai lancé en novembre 2023 un Substack à destination des investisseurs privés, L'Odyssée des Placements. Mon objectif ? Contribuer à améliorer la littératie financière des abonné.e.s.
Le lancement est parrainé par Indexa Capital, qui commercialise en France le contrat d'assurance vie en gestion sous mandat le moins cher (j'en avais parlé ici) : Indexa Vie Spirica. Vous pourrez bénéficier sous conditions d'une remise pendant un an sur les frais d'assurance et de mandat en suivant ce lien.
L’été n’est pas encore vraiment arrivé dans le jardin du Vexin. Un bref avant-goût dimanche matin m’a permis de prendre mon petit-déjeuner3 sous la tonnelle, avec une vue imprenable sur le majestueux catalpa.
Lequel est en fleur. De bien belles fleurs.
Décidément, Etienne Dorsay devient ma source d’information préférée sur l’actualité politique en France, laquelle est nettement moins anxiogène quand elle est vue par son prisme.
Vous trouvez ce billet trop long ? J’ai fait la synthèse de ce qui suit dans une vidéo de moins de 3 minutes.
Vous pouvez vous abonner à la chaîne YouTube d’Alpha Beta Blog ici.
Bienvenue dans ma semaine Twitter 28 de 2024.
Parlons frais
Il y a fort longtemps, au milieu des années 1970, les supermarchés n’étaient pas aussi répandus qu’aujourd’hui. Il n’y en avait pas à Loudun, petite ville du nord de la Vienne où nous habitions, mes parents, mon frère et moi.
Une fois tous les deux mois, nous partions en expédition automobile jusqu’à Châtellerault, au Mammouth, pour faire le plein du Caddie®.
Mammouth qui avait un slogan d’une kolossale finesse : “Mammouth écrase les prix”.
Mammouth n’est plus mais il existe encore un gros animal, non préhistorique, qui écrase les prix dans la gestion d’actifs. Cet animal, c’est Vanguard.
Les données sur les fonds (mutual funds et ETF) sont très accessibles aux Etats-Unis. Notamment les données sur les frais des fonds.
Morningstar publie une étude annuelle sur ces frais dont la dernière édition vient de paraître, avec des données arrêtées à fin 2023.
En bref : les frais continuent de baisser, mais à un rythme plus lent.
Alors que l’AMF, dans son étude annuelle sur les frais de fonds de droit français, ne calcule que des moyennes arithmétiques, Morningstar fournit à la fois des moyennes arithmétiques (Equal Wt dans le graphique ci-dessous) et des moyennes pondérées des encours (Asset Wt dans le graphique ci-dessous), ces dernières représentant l’expérience “moyenne” de l’investisseur.
Des frais toujours en baisse, mais à un rythme moindre.
En 2023, le niveau de frais moyen pondéré des encours des fonds aux Etats-Unis s’est établi à 0,36%, une baisse de 3,8% par rapport à l’année précédente (2022). Morningstar estime que les investisseurs ont ainsi collectivement économisé 3,4 milliards de $.
Pour les fonds gérés activement, le niveau de frais moyen pondéré des encours était de 0,59%, contre 0,11% pour les fonds indiciels, soit un ratio de 1 à 5,36.
Pour les actions Etats-Unis, ce ratio est de 7,5 (0,6% pour les fonds actifs, 0,08% pour les fonds indiciels).
Entre 2021 et 2022, la baisse du niveau des frais avait été de 7,8%.
Plus de hausses que de baisses de frais en 2023
Les frais moyens pondérés des encours continuent de baisser, car la majorité des flux se porte sur des ETF aux encours considérables répliquant des indices actions très diversifiés et les sorties se concentrent sur les fonds les plus chers, ce qui fait baisser le niveau de frais pondéré des encours.
Ce qui n’empêche qu’il y a eu plus de hausses que de baisses de frais l’an dernier, y compris chez les fonds indiciels.
Vanguard est toujours le leader du low cost
Le niveau des frais pondérés des encours de Vanguard est de 0,08%.
Suivent SSGA (0,14%), iShares (0,16%) et Dimensional Fund Advisors (0,24%).
Certains concurrents de Vanguard, plus chers que le leader du low cost, ont beaucoup baissé leurs frais depuis 2018.
Les 10% des fonds les moins chers collectent
Pour collecter, mieux vaut être dans les fonds les moins chers.
Le quintile (20%) des fonds les moins chers collecte massivement année après année, quand les 4 quintiles suivants, à savoir les 80% des fonds les plus chers, décollectent, à de rares exceptions près.
Pire encore : en 2023, le décile (10%) des fonds les moins chers a collecté 428 milliards de $, alors que le décile suivant décollectait à hauteur de 25 milliards de $.
Toujours pire : alors que les fonds gérés activement les moins chers enregistraient des collectes annuelles positives, la tendance s’est retournée en 2022 et en 2023, avec des décollectes.
Depuis 2 ans, les fonds indiciels ont enregistré une collecte de 1 100 milliards de $, alors que les fonds gérés activement ont décollecté à hauteur de près de 1 400 milliards de $.
Je rappelle que les rétrocessions ne sont pas interdites aux Etats-Unis où les conseillers financiers ont massivement adopté la facturation d’honoraires proportionnels aux encours conseillés et n’ont donc aucun problème à prescrire des fonds indiciels.
En Europe, dans les pays où les rétrocessions sont prévalentes, les seules parties prenantes à avoir intérêt à une baisse des frais de gestion sont les investisseurs.
Lesquels investisseurs ne sont pas conviés à la table de négociation à laquelle s’asseyent les sociétés de gestion et les distributeurs de fonds.
Pauvres investisseurs en Europe.
Heureux investisseurs aux Etats-Unis.
Ce qui attend Salim Ramji
Salim Ramji, c’est le nouveau directeur général de Vanguard, le 2è plus gros gérant d’actifs au monde après Vanguard.
La société, créée en 1975 par Jack Bogle, est devenue le champion des investisseurs privés, qui en sont indirectement propriétaires via les fonds dans lesquels ils investissent.
Vanguard est en effet une structure de type mutualiste détenue par les fonds qu’elle gère, qui rémunère ses 50 millions d’“actionnaires”4 de fait (mais pas de droit, car les investisseurs dans les fonds n’ont aucun des droits des actionnaires) en baissant ses frais de gestion au fur et à mesure de l’augmentation de ses encours.
Ces derniers ont beaucoup augmenté et en 2023 les frais pondérés des encours de Vanguard étaient de 0,08%, le niveau le plus bas aux Etats-Unis (voir la vignette ci-dessus).
Ramji est le premier dirigeant de Vanguard à ne pas être issu de l’interne.
Voici la liste de ses prédécesseurs depuis la création de Vanguard.
1975 John C. (“Jack”) Bogle
1995 John J. Brennan
2008 F. William McNabb III
2017 Mortimer J. (Tim) Buckley
2024 Salim Ramji
Avant d’arriver chez Vanguard, Ramji dirigeait l’activité iShares et fonds indiciels de BlackRock. Avant cela, il avait été senior partner chez McKinsey et a débuté sa carrière comme avocat chez Clifford Chance à Londres et à Hong Kong.
Oisín Breen du site RIABiz s’est demandé ce qui attendait Ramji.
Pour certains, il est plus que temps de clarifier ce qu’entend Vanguard en qualifiant les investisseurs dans ses fonds d’”owners”, à savoir de propriétaires.
Ces “owners” n’ont en effet aucune idée de leurs droits et n’ont aucun accès à certaines informations, comme les comptes de la société ou les rémunérations des dirigeants.
Autre problème récurrent et majeur aux Etats-Unis pour Vanguard, la médiocre qualité de son service clients, qui n’a pas suivi la hausse du nombre de clients.
Outre-Atlantique, Vanguard est en effet à la fois un gérant d’actifs et un Registered Investment Advisor (RIA), c’est-à-dire un conseiller financier ayant choisi de placer les intérêts de ses clients au-dessus des siens (on appelle cela le “fiduciary standard”).
Incidemment, le RIA Vanguard a annoncé qu’il ne permettrait pas à ses clients d’investir dans des ETF crypto.
Hors des Etats-Unis, Vanguard a beaucoup moins de succès que sur son marché d’origine. C’est dommage, car “l’effet Vanguard” est généralement très bénéfique pour les investisseurs, puisqu’il pousse les concurrents à baisser leurs prix.
En France, j’aimerais tellement que plus de courtiers d’assurance référencent des ETF ou des fonds indiciels traditionnels de Vanguard dans leurs contrats. Comme l’a fait Indexa dans le contrat Indexa Vie Spirica (voir en introduction de cette semaine Twitter).
L’histoire de Vanguard racontée par Vanguard est ici.
Sur l’impact de Vanguard sur la gestion d’actifs aux Etats-Unis, lisez The Bogle Effect - How John Bogle and Vanguard Turned Wall Street Inside Out and Saved Investors Trillions d’Eric Balchunas (Bloomberg).
Les belles infographies de JPMorgan AM
Je lis toujours avec plaisir le pavé trimestriel produit par JPMorgan AM pour différentes zones du monde. Il s’appelle “Guide to the Markets”, et c’est une mine d’informations, de données, de graphiques et de tableaux.
Voici ma sélection pour la dernière édition pour les Etats-Unis avec des données arrêtées au 30 juin 2024.
Une pierre dans le jardin de la démocratisation des actifs privés
J’aime beaucoup cette infographie, qui montre la dispersion des performances annuelles moyennes sur 10 ans de différentes stratégies.
A gauche, les actions monde et les obligations monde, puis à droite des stratégies investissant dans des actifs non cotés.
La borne basse représente le 25è percentile de la distribution, la borne haute le 75ème percentile, le diamant la médiane.
Remarquez la gigantesque dispersion des performances pour le capital-investissement, le capital-risque et les hedge funds et la très faible dispersion des performances pour les stratégies investissant dans des actifs cotés.
Le temps, allié des investisseurs
Cette infographie représente la dispersion des performances annuelles entre 1950 et 2023 sur différents horizons (1 an, 5 ans glissants, 10 ans glissants, 20 ans glissants) de 3 portefeuilles : 100% actions Etats-Unis, 100% obligations et un composite 60% actions/40 obligations.
Plus la durée est courte, plus grande est la dispersion des performances, qui peuvent être très négatives. Plus la durée s’allonge, plus la dispersion des performances diminue.
Sur 20 ans, aucun des 3 portefeuilles fictifs n’a pas perdu d’argent en nominal.
Quant à la hiérarchie des performances annuelles moyennes sur 73 ans, c’est celle que l’on apprend dans les manuels :
Actions (11,4%)
60/40 (9,3%)
Obligations (5,3%)
Merci aux rachats d’actions
Le rendement d’une action s’est longtemps composé du seul dividende. Puis les sociétés ont commencé à racheter leurs propres actions et l’effet de ces rachats s’est ajouté au rendement de l’action.
Sur 12 mois glissants à fin juin 2024, le rendement total des actions du S&P 500 (dividende + [rachat d’actions -augmentations de capital]) a été compris entre 7,1% et 1,8% selon les secteurs.
Pour de nombreux secteurs, la part des rachats d’actions nets est majoritaire dans le total.
Les Etats-Unis règnent sur le MSCI ACWI
Au 30 juin, le poids des Etats-Unis dans l’indice MSCI All Country World était de 64%, son plus haut historique.
Les plus anciens se rappelleront que le Japon a pesé plus dans cet indice que les Etats-Unis. C’était en 1987.
Les poids vont et viennent.
N’ayez pas peur (des plus hauts)
Une dernière infographie pour la route.
Les indices boursiers enchaînent les plus-hauts historiques. Un narratif fréquent, c’est de laisser entendre que si certains marchés sont au plus haut, le risque augmente.
On entend ainsi depuis 12 ans des sages aussi respectables que Jeremy Grantham de GMO répéter qu’il y a une super bulle sur les actions aux Etats-Unis.
Et depuis 12 ans, l’indice S&P 500 enchaîne les records.
Il se trouve qu’investir à un plus haut du S&P 500 n’est pas plus risqué qu’investir à tout autre moment.
Entre le 1er janvier 1988 et le 30 juin 2024, JPMorgan AM a calculé la performance moyenne d’un investissement dans l’indice S&P 500 pendant différentes durées allant de 3 mois à 5 ans, dans 2 cas :
Investissement le jour d’un nouveau plus haut historique (“Invest at a new high” en vert)
Investissement n’importe quel jour '(“Invest on any day” en gris foncé)
Guess what ? A partir d’une durée de 6 mois, investir le jour d’un nouveau plus haut historique a été plus rémunérateur qu’investir n’importe quel jour.
Le “bon” moment pour investir ?
C’est tout le temps.
Néo-brokers
Avant, pour investir sur les marchés financiers, il n’y avait que les banques traditionnelles et les charges d’agents de change.
Puis arrivèrent les courtiers en ligne, dont certains devinrent des banques en ligne (Boursorama5 — devenue BoursoBank —, Fortuneo6).
Plus récemment se sont développées des entités qu’on appelle néo-brokers7. La plupart d’entre elles sont des courtiers en ligne, certaines — Trade Republic et DEGIRO — étant également banque ou branche de banque8.
Les régulateurs s’intéressent à ces nouveaux acteurs. J’avais parlé ici en décembre 2021 d’une étude (accessible ici) dans laquelle l’AMF se penchait pour la première fois sur ces néo-brokers.
C’est au tour de l’ESMA de leur consacrer sa propre étude, au niveau de l’Union européenne, basée notamment sur un questionnaire adressé en 2023 aux néo-brokers dans l’UE : “Neo-brokers in the EU: Developments, benefits and risks”.
Les actifs détenus par les clients des neo-brokers dans l’UE (en bleu dans le graphique ci-dessous) sont passés de plus de 100 milliards d’euros en 2022 à près de 150 milliards en 2023.
Avec des actifs mondiaux inférieurs à 1000 milliards d’€ en 2023, les néo-brokers ont un poids encore modeste et ne présentent pas un risque systémique selon l’ESMA.
L’UE est loin derrière les Etats-Unis en termes d’encours, mais aussi en termes de taux de pénétration. Quand 20% de la population adulte a un compte chez un neo-broker aux Etats-Unis (et presque autant au Royaume-Uni), ce pourcentage est inférieur à 10% dans l’UE.
Les néo-brokers ont en commun la promesse d’offrir un accès simple aux produits de placement.
Ces derniers sont généralement constitués :
d’actions, pouvant être achetées par fractions ;
d’ETF, pouvant être achetés par fractions ;
de CFD (Contract For Difference)9 ;
de produits dérivés listés ;
de crypto.
Nombre de néo-brokers permettent à leurs clients d’accéder au trading sur marge, dont l’ESMA rappelle les risques.
En ce qui concerne les actions, seuls les plus gros néo-brokers donnent accès aux marchés étatsuniens.
Si les actions étatsuniennes ont dominé les volumes en 2020, le poids des actions de sociétés domiciliées dans l’EEA10 a augmenté entre 2021 et 202211.
Deux modèles d’affaires co-existent : le néo-broker peut offrir des services d’exécution en transférant les ordres de ses clients sur une place d’exécution ou se porter contrepartie sur sa propre plateforme, par exemple sur les obligations. Il perçoit alors une rémunération sous la forme du bid-ask spread.
L’ESMA rappelle que certains néo-brokers reçoivent des paiements de la part des plateformes vers lesquelles ils transfèrent les ordres de leurs clients : le célèbre PFOF, pour Payment for order flow. Cette pratique sera définitivement interdite à partir du 30 juin 2026.
L’impact des néo-brokers sur les marchés de l’UE dépends des types d’instruments, de la méthode d’exécution, et des volumes totaux de transactions. En particulier, le traitement des données indique que les néo-brokers exécutent la majorité des ordres en actions et en ETF de leurs clients sur quelques “petites” places de transaction, c’est-à-dire des places qui ne sont pas les plus grandes ni les plus liquides pour ces instruments. En même temps, une portion des flux d’ordres en envoyée vers les principaux marchés nationaux (“main venues”).
Parmi les sujets d’inquiétude de l’ESMA, celui-ci :
Les néo-brokers fournissent des services innovants et pratiques, et leurs produits peuvent répondre aux besoins et aux préférences des investisseurs. Néanmoins, cette accessibilité augmente aussi le risque que les consommateurs ne comprennent pas toujours ce qu’ils achètent, ou qu’ils fassent des transactions de façon impulsive.
L’ESMA a notamment en tête le copy trading12 et les techniques de gamification et revient également sur les meme stocks, phénomène surtout constaté aux Etats-Unis, qui ont donné lieu à de fortes poussées de volatilité.
L’ESMA reconnaît que les néo-brokers peuvent permettre à de nouveaux participants d’investir sur les marchés d’actions, un des objectifs de l’Union des marchés de capitaux de l’UE.
Un challenge important est de s’assurer que les consommateurs qui investissent pour la première fois sont informés du profil risque/rendement des différents produits financiers et stratégies d’investissement.
La solution magique pour atteindre cet objectif indispensable ?
La littératie financière bien sûr !
Fondamentalement, un meilleur niveau de littératie financière va améliorer les résultats des investisseurs, qu’ils uutilisent des plateformes numériques ou des services financiers plus traditionnels. Plus généralement, les plateformes de trading devraient être conçues d’une façon qui promeut des décisions d’investissement raisonnables plutôt que du trading excessif (comme le trading intra-day) ou l’achat de produits risqués ou complexes.
L’intérêt principal que je vois aux néo-brokers pour les personnes qui ne désirent pas consacrer du temps à leurs placements, c’est qu’ils permettent de mettre en place des versements programmés sans frais de transaction sur des ETF pour des montants minimum très bas.
Des nouvelles du #H2Ogate
Avertissement : j'ai assisté entre novembre 2022 et avril 2023 l'Association Collectif Porteurs H2O dans le cadre d'une mission rémunérée (détails ici). A vous de déterminer si elle influe sur ma couverture de l'affaire H2O AM sur ce blog.
Lars Windhorst, c’est l’entrepreneur qui rate en série qui a plumé les pigeons de H2O AM, ce qui ne serait pas très grave si lesdits pigeons avaient perdu leur argent. Mais ils ont perdu l’argent de leurs clients. Beaucoup d’argent (voir ci-dessous).
Lars a perdu La Perla, sous administration judiciaire, et Avatera Medical, sous administration judiciaire.
Difficile de savoir dans quelle forme est Amatheon Agri, une autre société cotée sur Euronext Growth détenue par Windhorst, car les comptes 2023 n’ont pas été publiés13 et ceux de 2021 et 2022 ne semblent pas avoir été audités.
Ah, Lars détient aussi Wild Bunch, dont les derniers comptes publiés sont ceux de… 2021. J’en avais parlé ici.
Windhorst, qui n’a sans doute rien remboursé aux side-pockets depuis fin 2023, a trouvé 10 millions d’euros pour permettre à Wild Bunch de survivre et de publier ses comptes de 2022 et 2023.
Le grand jour, déjà repoussé d’un mois, est prévu le 19 juillet. Je ne sais pas pourquoi, mais je n’y crois pas trop.
Dans un papier de Thierry Labro sur le site luxembourgeois Paperjam, j’ai appris que 87 millions € avaient été provisionnés dans les comptes 2022 de la holding luxembourgeoise de H2O AM au titre de l'enquête de la FCA.
Vivement qu’on en ait les conclusions.
Décidément, les voies de l’AMF sont toujours aussi impénétrables.
Le régulateur a en effet eu la riche idée de cesser de mettre à jour le site fournissant les données sur les OPCVM sans avoir mis en ligne de nouvelle version.
Les dernières données disponibles sont en date du 21 mars 2024. Nous sommes le 15 juillet 2024.
Allô Houston, y a-t-il quelqu’un aux commandes ?
Je ne peux donc plus suivre la décollecte des fonds H2O AM. Pour les données de performance, je me fournis ailleurs que sur le site de l’AMF et peux donc les mettre à jour, mais elles n’ont aucune importance.
Depuis la scission des 7 fonds sinistrés de H2O AM, il est très difficile de reconstituer la performance des « vieux » fonds d’avant la scission.
Je me livre à l’exercice en calculant une valeur liquidative reconstituée, égale à la somme de la valeur liquidative des « nouveaux » fonds liquides (FCP à la fin du nom) et de la valeur liquidative mensuelle estimative des side-pockets.
Cette valeur liquidative reconstituée est une fiction, car aucune transaction n’est possible sur les side-pockets.
Mais elle permet de voir où en sont les porteurs de parts. Notamment par rapport au plus-haut historique atteint par les « vieux » fonds avant qu’ils ne heurtent des icebergs et fassent naufrage en février et mars 2020.
Autre limite de l’exercice : rien ne dit que les porteurs de parts récupèreront l’équivalent de la dernière valeur liquidative estimative des side-pockets. On ne le saura que quand toutes les participations illiquides auront été revendues au seul acheteur, Tennor, la holding de Lars Windhorst.
Ou plus exactement au fur et à mesure du remboursement par Tennor de la « first super senior secured note » (FSSSN) émise par Tennor, portant intérêt au taux annuel de 4,5% et prévoyant la possibilité de remboursements intermédiaires. Je rappelle (j’en avais parlé ici) que le remboursement total était initialement prévu début 2022. Les créanciers de Tennor, pour éviter la mise en liquidation de la société imposée par un tribunal néerlandais, ont consenti un délai supplémentaire de 6 mois (soit un remboursement début juillet 2022).
Je rappelle aussi que, comme de bien entendu, il n'y a eu aucun remboursement entre juillet et décembre 2022 de la part de Tennor.
Début janvier 2023, H2O AM a laissé entendre dans un communiqué sybillin que Tennor avait procédé fin 2022 à un premier remboursement partiel susceptible de permettre de diminuer le nominal de la FSSSN de 250 millions d'euros.
En fait de 250 millions, ce sont 143,752 millions qui ont été remboursés d'après mes calculs.
Par ailleurs, un porte-parole de Tennor avait déclaré début janvier au quotidien régional allemand Westfallen-Blatt que la holding de Lars Windhorst avait procédé en 2022 à plusieurs remboursements partiels de la FSSSN, dont un fin 2022 pour solde de tout compte.
Après avoir cessé pendant des mois de mettre à jour la valeur estimative mensuelle de side-pockets, bloquée à fin février 2023, H2O AM a dû se résoudre le 12 septembre 2023 à la baisser pour les 7 fonds.
Puis de nouveau en octobre pour les valeurs estimatives à fin septembre. Puis de nouveau en décembre pour les valeurs estimatives à fin novembre.
En janvier 2024, coup de théâtre : la valorisation estimative à fin décembre 2023 est en hausse.
H2O AM, généralement mutique, publiait le 26 janvier 2024 un communiqué de presse pour annoncer « un nouveau remboursement dans les prochaines semaines ».
Remboursement « de l’ordre de 70 millions d’euros ».
Puis nouveau coup de bambou sur les valorisations à fin janvier, en baisse de 109 millions d'euros (voir ci-dessus), avant même que les 70 millions d'euros annoncés aient été remboursés aux porteurs de parts.
Les 20, 21 et 22 mars arrivait le remboursement annoncé : H2O AM avait retenu la leçon de sa désastreuse communication sur le premier remboursement et avait choisi d'annoncer un montant inférieur au montant réel, qui est de 85 millions d'euros, répartis comme suit.
Entre la valorisation initiale d’octobre 2020 et celle de fin juin 2024, compte tenu des remboursements de janvier 2023 et mars 2024, la moins-value latente sur les 7 side-pockets est de près de 1 milliard 331 millions d’euros d’après mes calculs.
La valeur résiduelle des side-pockets à fin juin 2024 est estimée à 82,124 millions d'euros.
S'il n'y a de nouveau remboursement après celui de mars, la perte totale pour les porteurs de parts de side-pockets pourrait donc dépasser 1 milliard et 413 millions d'euros.
C'est le casse du siècle.
Pour les fonds liquides, voilà où on en est au 11 juillet 2024 (date de la VL des fonds liquides dont le nom se termine par « FCP », la dernière valeur liquidative mensuelle estimative des side-pockets étant en date du 28 juin 2024).
J'ai ajouté à la VL reconstituée le montant des distributions de janvier 2023 et de mars 2024.
En matière de décollecte, voilà où on en était au 21 mars 2024 (merci et bravo à l’AMF, voir ci-dessus).
En matière de performance, voilà où on en est.
Les produits dont il a été question dans ma semaine Twitter 28 peuvent être achetés en priorité chez votre libraire (pour les livres).
Sinon, si vous n’avez vraiment pas accès à un libraire, ou pour les livres en anglais, parfois plus difficiles à se procurer en librairie en France, vous pouvez cliquer sur les liens disséminés dans ce billet (informations sur le programme d’affiliation Amazon ici).
Vous pouvez suivre le compte Twitter d’Alpha Beta Blog ici et mon compte en anglais là.
Je ne suis pas habilité à donner des conseils sur les produits de placement : ne me sollicitez pas pour cela car je ne vous répondrai pas.
Si vous avez des questions, consultez un conseiller en investissement financier. Un conseiller en investissement financier, c’est quelqu’un que vous payez pour qu’il.elle vous donne des conseils. Dans le jargon de MIF 2, seul le conseiller exclusivement payé par ses clients peut se déclarer indépendant.
Quelqu’un qui est payé par les fournisseurs de produits pour vous vendre lesdits produits, c’est un vendeur, pas un conseiller.
Comment trouver un conseiller en investissements financiers (CIF) indépendant au sens de MIF 2 ? C'est à peu près mission impossible : le site de l'ORIAS, qui est l'organisme auprès duquel s'enregistrent les CIF, ne permet pas de rechercher selon les critères "indépendant" ou "non-indépendant". Pas plus que ne le permettent les sites des 4 associations de CIF agréées par l'AMF.
C'est affligeant et scandaleux.
La charte éditoriale d’Alpha Beta Blog est consultable ici.
C’était ma semaine Twitter 28 de 2024. Sayōnara. さようなら.
14,3 milliards de $ sur 10 ans à fin 2023 pour la société de gestion, dont 7,1 milliards de $ pour Ark Innovation ETF, qui se classe 3è au classement des fonds ayant le plus détruit de valeur (source).
Le gloubi-boulga rosâtre sur les tartines et dans le bol, c’est la confiture de rhubarbe faite il y a peu.
Vanguard les qualifie d’“owners” (propriétaires).
J’ai un compte courant et deux comptes-titres (un ordinaire et un PEA) chez BoursoBank.
J’ai un compte courant chez Fortuneo.
ActivTrades, Bux, DEGIRO, eToro, Shares, Scalable Capital, Trade Republic, Trading 212.
DEGIRO est la branche néerlandaise de flatexDEGIRO Bank AG.
EEA, c’est European Economic Area, ou Espace économique européen. UE + Islande + Lichtenstein + Norvège.
ROW = Rest of the world. A savoir ni Etats-Unis, ni EEA.
Le pionnier de cette technique qui joue sur le désir mimétique, c’est eToro, qui permet à ses clients de copier (avec retard) les transactions de “vedettes” du trading. Si vous voulez creuser le désir mimétique théorisé par René Girard (1923-2015), lisez Mensonge romantique et vérité romanesque et La violence et le sacré.
A l’ordre du jour de l’assemblée générale des actionnaires qui s’est tenue le 28 juin 2024 ce point : “Extension de la période pour établir les comptes annuels et le rapport annuel pour l’exercice 2023”. Cette résolution a été adoptée et la société a jusqu’au 31 octobre 2024 pour publier ses comptes. Amatheon semble avoir un commissaire aux comptes, Reanda Audit & Assurance B.V., ce qui est rare chez Windhorst.
Excellent, comme d'habitude ☺️