Ma Semaine Twitter 24 de 2024
C'est le cinquième anniversaire de l'appel du 18 juin dans le Financial Times, qui avait sonné le début du H2Ogate
Le 18 juin 2019, c’est-à-dire il y a tout juste 5 ans, Cynthia O’Murchu et Robert Smith publiaient dans le Financial Times un article dévoilant la présence dans certains fonds gérés par H2O AM de titres illiquides de sociétés appartenant à Tennor, la holding de Lars Windhorst.
“H2O Asset Management: Illiquid Love” lançait le H2Ogate, que je qualifie aussi de casse du siècle.
La bataille de Fontenoy opposa le 11 mai 1745 les troupes françaises du Roi Louis XV à une coalition de troupes des Provinces-Unies, de la Grande-Bretagne, du Royaume de Hanovre et de l'Autriche.
Elle fut gagnée par les Français et resta fameuse pour une phrase apocryphe, propagée par Voltaire :
Messieurs les Anglais, tirez les premiers.
Alors que le H2O Asset Management LLP du #H2Ogate est une société de gestion anglaise, ce sont les Français qui ont tiré les premiers : l’AMF infligeait le 31 décembre 2022 des sanctions record à H2O AM LLP, Bruno Crastes et Vincent Chailley (source), qui ont formé un recours devant le Conseil d'Etat.
5 ans après donc, et alors que l’AMF s’était appuyée dans son enquête sur des éléments fournis par la FCA, toujours aucune nouvelle du régulateur anglais.
Le temps des régulateurs n’est pas celui des réseaux sociaux, et c’est tant mieux, mais cinq ans, c’est long.
J'ai lancé en novembre 2023 un Substack à destination des investisseurs privés, L'Odyssée des Placements. Mon objectif ? Contribuer à améliorer la littératie financière des abonné.e.s.
Le lancement est parrainé par Indexa Capital, qui commercialise en France le contrat d'assurance vie en gestion sous mandat le moins cher (j'en avais parlé ici) : Indexa Vie Spirica. Vous pourrez bénéficier sous conditions d'une remise pendant un an sur les frais d'assurance et de mandat en suivant ce lien.
Le week-end dernier, j’ai passé trois heures entre les averses à bêcher une partie pas encore plantée de mon potager : la terre est argileuse, il a beaucoup plu, il fallait retourner la terre.
Je ne connais rien de mieux pour se vider la tête que de bêcher : j’en ai besoin en ce moment
Je m’en suis aussi mis plein le nez : entre les seringats et le chèvrefeuille, le jardin embaume.
Pour oublier les invectives des campagnes électorales, une rose.
J’ai lu le dernier roman de ma très chère Aki Shimazaki, cette romancière japonaise née en 1954 qui vit au Canada depuis 1981 et écrit en français : Urushi. C’est le cinquième opus du cycle qui s’appelle Une clochette sans battant.
Vous ne connaissez pas encore Shimazaki ? Vous avez beaucoup de chance car vous allez faire une splendide découverte. Shimazaki écrit donc des cycles de cinq romans dans lesquels on retrouve des personnages esquissés dans les romans précédents.
Il ne se passe pas grand chose, si ce n’est la vie, et c’est bouleversant.
Dans Urushi on suit Suzuko, adolescente de 15 ans qui vit dans une famille recomposée et heureuse. Elle recueille un moineau blessé. Son demi-frère adulte révèle son homosexualité.
Une merveille.
Etienne Dorsay, toujours impeccable.
Anouk Aimée (1932-2024).
“C’est moi, c’est moi Lola !”
La chanson est de l’immense Michel Legrand (1932-2019), qui a beaucoup collaboré avec le non moins immense Jacques Demy (1931-1990).
L’intégrale Legrand/Demy, c’est ici.
Vous trouvez ce billet trop long ? J’ai fait la synthèse de ce qui suit dans une vidéo de moins de 3 minutes.
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Bienvenue dans ma semaine Twitter 24 de 2024.
RIS : le feuilleton continue
La première mouture de la stratégie d’investissement de détail de l’Union européenne (RIS, pour Retail Investment Strategy) avait suscité une levée de boucliers de tous les lobbies de la finance.
Pensez donc, la commissaire européenne Mairead McGuinness osait proposer l’interdiction des incitations.
Vous n’y pensez pas ! Une telle interdiction « aurait un coût social significatif » et « les premiers perdants seraient les épargnants », selon Florence Lustman, la président de France Assureurs.
Les efforts combinés des lobbies et de certains Etats de l’Union européenne — dont la France — ont eu raison de presque toutes les mesures initialement proposées. Après le vote d’un projet par le Parlement européen le 23 avril, c’est le Conseil européen qui a arrêté sa position le 12 juin.
Voici les principales mesures de la version de la RIS qui sera discutée avec le Parlement européen.
Pas d’interdiction des incitations (« inducements »), y compris pour les services d’exécution. Le Conseil rappelle que les incitations sont déjà interdites dans les cas du conseil financier indépendant et de la gestion de portefeuille, à de rares exceptions près.
Introduction d’un critère d’incitations (« inducement test ») quand il n’y a pas d’interdiction.
Introduction d’un nouveau critère spécifiant le devoir pour les conseillers financiers d’agir au mieux des intérêts du client.
Transparence accrue et communication sur les paiements considérés comme des incitations, leurs coûts et leur impact sur la performance des placements.
Le Conseil a également introduit des principes généraux (« overarching principles ») qui s’appliqueront aux entités qui payent ou reçoivent des incitations.
Selon ces principes, les incitations ne doivent pas pousser les sociétés à recommander des produits en particulier plutôt que d’autres, ne doivent pas être disproportionnées par rapport à la valeur offerte par les produits, et les incitations payées à ou acceptées par des entités appartenant au même groupe doivent être traitées de la même manière que les autres.
Laissons le temps aux lobbies de digérer ces nouveautés. Je pense que les deux nouveaux critères et l’introduction des principes généraux vont les faire hurler.
Ils s’abriteront derrière l’intérêt des épargnants, comme d’habitude.
Le concept de “Retour sur investissement” (c’est ainsi que le Conseil traduit “Value for Money” alors que l’AMF et l’ACPR utilisent plutôt “rapport qualité-prix”, qui me semble plus pertinent), également combattu par les lobbies qui craignaient à juste titre son effet déflationniste sur les frais de gestion, est maintenu et laisse aux Etats membres le choix entre deux benchmarks pour évaluer le rapport qualité/prix des produits de placement : un benchmark européen ou un groupe de référence (“peer group”).
Le cadre de Value for Money sera réévalué au bout de sept ans.
Le Conseil rappelle que les Etats membres restent libres de maintenir l’interdiction des incitations, de l’introduire, ou d’adopter des mesures plus strictes que celles de la RIS.
Le feuilleton continue. Quand il sera terminé, le rendez-vous est déjà pris pour la saison suivante :
Le Conseil est convenu de réexaminer les dispositions relatives aux incitations cinq ans après l'entrée en vigueur du texte.
A deux c’est mieux
Il existe depuis 2010 un Pôle commun Assurance Banque Épargne de l’ACPR et de l’AMF, les deux régulateurs de la finance en France, qui “veille à la protection des clients des secteurs de la banque, de l’assurance et de la finance”.
Je rappelle que l’AMF régule :
les marchés financiers et leurs infrastructures ;
les sociétés cotées ;
les intermédiaires financiers autorisés à fournir des services d’investissement ou des conseils en investissements financiers (établissements de crédit autorisés à fournir des services d’investissement, entreprises d’investissement, sociétés de gestion de portefeuille, conseillers en investissements financiers) ;
les produits d’épargne collective investie dans des instruments financiers ;
les émetteurs de jetons (ICO) et les prestataires de services sur actifs numériques (PSAN).
Quant à l’ACPR, elle exerce le contrôle des banques et des assurances.
Le Pôle commun vient de publier son rapport annuel 2023.
On y apprend que les 2 autorités “se sont coordonnées au travers du Pôle commun afin de participer de concert à l’élaboration du cadre réglementaire de la finance durable.”
Elles ont également analysé plus de 2000 publicités et ont constaté une baisse de l’emploi des arguments verts dans les publicités sur les produits financiers (“net repli des allégations exagérément positives”, source).
En 2023, les deux autorités ont poursuivi leurs actions pour prévenir les arnaques financières. Elles ont ainsi inscrit 1 350 noms de sites ou d’acteurs non autorisés sur leurs cinq listes noires publiées sur le site Assurance Banque Épargne Info Service (ABEIS).
Sur la transparence et la clarté de l’information transmise aux clients, les deux autorités ont fait des constats malheureusement identiques.
L’AMF a ainsi relevé (italique ajouté par mes soins)
que la documentation réglementaire imposée par le statut de CIF n’est pas systématiquement remise aux clients avant la souscription du titre conseillé et présente des contradictions ou des lacunes sur le caractère indépendant du conseil, sur les relations intragroupes avec des entités promouvant des véhicules conseillés par le CIF, sur les risques des instruments conseillés, ainsi que sur les coûts et frais des titres conseillés et la rémunération reçue par les CIF.
Quant à l’ACPR, elle a relevé que
l’information sur les coûts et les frais n’est pas toujours précise ni, dans certains cas, remise aux clients dans les conditions prévues par la réglementation, le document d’informations clé ou le tableau type des frais et performances des unités de compte proposées par l’intermédiaire pouvant faire défaut.
Les frais ? Surtout en parler le moins possible.
Si la version de la stratégie d’investissement de détail du Conseil européen présentée ci-dessus entre en vigueur en l’état, il va y avoir du sang et des larmes en France (de nouveau, italique ajouté par mes soins) :
L’ACPR a analysé, dans ses contrôles, les rétrocessions perçues par les intermédiaires et les modalités de rémunération de leurs conseillers. Il en ressort de nouveau une différence de rémunération importante en fonction des supports (en euros ou en unités de compte). Certains intermédiaires privilégient également ceux conçus par des sociétés de gestion avec lesquelles ils ont des liens capitalistiques, ce au détriment de l’intérêt des clients. Par ailleurs, il a été constaté des rémunérations de conseillers indexées sur le type de versements ou la commercialisation de certaines unités de compte plus rémunératrices ou appartenant à des sociétés du même groupe.
Toutes ces pratiques seront en infraction avec les principes généraux que le Conseil européen veut introduire.
Je le répète : les lobbies vont probablement s’y opposer avec véhémence, au nom de l’intérêt des épargnants.
Amundi s’attaque au retail en France
Amundi est un des champions européens des ETF, avec DWS. C’est aussi un champion discret du low cost, avec sa gamme Prime, dont certains produits ont des frais annuels de 0,05% (j’avais parlé ici du lancement de cette gamme).
Jusque-là, Amundi ne donnait pas l’impression d’être très offensif sur le segment des particuliers en France.
Il faut dire qu’Amundi appartient au groupe Crédit Agricole et que les caisses régionales de Crédit Agricole sont des acteurs dominants de la banque de détail en France, acteurs qui préfèrent probablement vendre les fonds Amundi gérés activement sur lesquels ils perçoivent des rétrocessions plutôt que des ETF qui ne rapportent que des frais de courtage.
C’est en train de changer.
Discrètement.
Il faut dire que le numéro un mondial de la gestion d’actifs, BlackRock, est de plus en plus actif auprès des particuliers en France avec sa gamme d’ETF iShares.
La société de gestion étatsunienne a signé un partenariat avec BoursoBank1, qui appartient au groupe Société Générale (lequel a vendu fin 2021 sa filiale Lyxor — qui était un acteur important sur le marché des ETF à destination des particuliers en Europe — à Amundi).
Les termes du partenariat ? Les clients de BoursoBank ne paient pas de frais de courtage (que ce soit à l’achat ou à la vente) sur une sélection d’ETF iShares2.
Amundi vient de signer un partenariat avec une banque en ligne, Saxo Banque, une succursale française de Binckbank, société anonyme de droit néerlandais. Saxo Banque est contrôlée par l’Autorité de Contrôle Prudentiel et de Résolution et par l’Autorité des Marchés Financiers.
Les modalités de ce partenariat ?
Jusqu’à fin 2025, les clients de Saxo Banque ne paieront pas de frais de courtage sur leurs achats au comptant sur une sélection de plus de 150 ETF Amundi, ces frais de courtage étant pris en charge par Amundi. A la vente, les frais de courtage sont facturés selon les tarifs en vigueur (ils sont ici pour les ETF).
Parmi les ETF Amundi accessibles, on trouve 20 ETF actions internationales synthétiques (hors Europe) éligibles au PEA.
Hors PEA, on trouve Amundi Prime All Country World UCITS ETF, qui donne accès à pour seulement 0,07% de frais annuels. Cet ETF, dont j’avais parlé ici au moment de son lancement, réplique l’indice Solactive GBS Global Markets Large & Mid Cap qui comporte 3499 actions de grandes et moyennes capitalisations dans 46 marchés développés et émergents (source). C’est l’équivalent du MSCI ACWI et du FTSE All-World.
Quel dommage que cet ETF distribue un dividende et ne soit pas disponible dans une version qui capitalise les revenus.
Si vous vouliez investir dans cet ETF3, vous ne paieriez pas de frais de courtage à l’achat jusqu’à fin 2025. Si vous vouliez le vendre, il vous en coûterait 0,08%, 0,05% ou 0,03% selon l’offre tarifaire retenue, avec un minimum de 3 €4.
Pour les investisseurs désireux de mettre leur portefeuille en adéquation avec leurs valeurs climatiques, on trouve dans la sélection Saxo Banque Amundi MSCI World Climate Net Zero Ambition PAB UCITS ETF (0,20% de frais annuels) et Amundi MSCI World ESG Climate Net Zero Ambition CTB UCITS ETF (0,25% de frais annuels).
De façon surprenante, il y a 2 ETF répliquant l’indice MSCI Emerging Markets dans la sélection de produits Amundi : l’un a des frais de gestion annuels de 0,2%, l’autre de 0,55%. Ne vous trompez pas de code ISIN si vous passez un ordre.
Saxo Banque donne accès à plus de 7000 ETF et ne propose pas de plans d’épargne en ETF. C’est un intermédiaire qui cible les traders actifs.
Quand les mots ne veulent plus rien dire
Un leitmotiv de ce blog, c’est que les mots ne veulent plus rien dire. Ou plus exactement, qu’ils sont dévoyés à des fins partisanes.
Ce qui est vieux comme le monde, mais jusque récemment le dévoiement des mots n’avait pas trop atteint le secteur des produits de placement.
Avec la mère de toutes les batailles menée par les lobbies de l’écosystème pour sauvegarder les rétrocessions, des mots dévoyés ont été mis au service de la cause de la gestion chère pour tous.
J’ai assisté le 11 juin dernier à la journée annuelle de Paris Finance Forum qui se tenait à Paris. Et notamment à une table-ronde dont je savais qu’elle allait me faire grincer les dents : “The distribution of financial products in Europe: a model in debate”.
Mes attentes ont été plus que comblées.
Une élue de l’AFG travaillant pour Amundi intervenait (à partir de 8 minutes 30 secondes dans la vidéo accessible ici). Comme il ne faut surtout pas dire du mal des institutions de l’Union européenne, ça commence piano :
La stratégie d’investissement de détail a de bonnes intentions, puisqu’il s’agit de protéger les investisseurs de détail.
Après cette introduction consensuelle, les éléments de langage utilisés par tous les lobbies sont pilonnés :
Le modèle universel actuel permet à tout un chacun de bénéficier du meilleur conseil, quelle que soit sa situation financière.
L’interdiction des rétrocessions au Royaume-Uni a créé l’apocalypse du conseil, un advice gap aussi documenté que le monstre du Loch Ness : si tu n’as pas 100 000 € de patrimoine financier, l’accès au conseil est devenu impossible. Or le niveau moyen de patrimoine financier en Europe est de 10 000 €. Ergo il ne faut pas interdire les rétrocessions sinon les classes moyennes n’auront plus accès au conseil (qui est dans la quasi totalité des cas un acte de vente, soit dit en passant).
Autre limite de la RIS : le fait que les coûts soient un élément central. Si l’on se focalise sur les seuls coûts, ce sera l’apocalypse, notamment environnementale, car ça nous empêchera d’investir dans la transition énergétique. Ou de financer la célèbre économie réelle, parce qu’investir dans des actifs privés, c’est plus cher5.
Je ne suis pas sûre que nous focaliser sur les coûts est le bon débat en Europe aujourd’hui.
Eh oui, ce n’est par définition jamais le bon moment pour parler des frais quand ils sont élevés (voir ci-dessus) car il y a toujours des priorités bien plus importantes.
A partir de 41 minutes 30 secondes, la lumière fut :
Nous devons financer la transition énergétique, à hauteur de 750 milliards d’€ par an ; nous devons financer les retraites de nos populations ; nous devons financer la transformation numérique6 et la toujours aussi célèbre économie réelle, et ce alors que les Etats sont très endettés.
Qui peut faire tout cela ? L’industrie de la gestion d’actifs7.
Mais figurez-vous que les gérants d’actifs européens perdent des parts de marché sur leur propre continent : les concurrents étatsuniens ont aujourd’hui 40% de ce marché. Alors que les gérants d’actifs européens ont une part de marché de 1,7% aux Etats-Unis8.
Comme le disait un célèbre penseur :
The system is rigged.
Or ces gérants d’actifs étatsuniens ont un biais en faveur des Etats-Unis, et c’est normal. De plus, le poids des actions Etats-Unis dans le total mondial est de 70%. Si nous ne gérons pas correctement le fléchage de l’épargne des Européens vers le financement de la transition en Europe, nous n’y arriverons pas.
Là, je suis perdu, mais je l’ai été encore plus quand j’ai entendu que selon le rapport Noyer, 20% de l’épargne des Européens finançait des sociétés non européennes. Et que selon le rapport Letta, 300 milliards d’€ par an d’épargne des Européens finançaient des sociétés non européennes.
Au secours ! Dévoiement absolu du verbe “financer” : un achat d’actions sur le marché secondaire ne finance en aucune façon l’entreprise concernée. Sur le marché secondaire, une transaction se fait entre un acheteur et un vendeur. Aux Etats-Unis comme en Europe, la bourse n’est plus le lieu où les entreprises se financent, mais le lieu où elles rachètent leurs actions pour les annuler.
Tous les gérants d’actifs le savent, sinon il faut qu’ils changent de métier. Alors pourquoi dévoyer ce terme ?
Réponse à 43 minutes 40 secondes :
Nous avons besoin que les gouvernements mettent en place les bonnes incitations fiscales pour s’assurer que l’épargne européenne finance l’économie européenne et que la gestion d’actifs européenne soit utilisée pour rediriger cette épargne.
C’est la souveraineté financière de l’Europe qui doit être mise au coeur de la stratégie d’investissement de détail, pas les coûts !
Je résume :
Etendez à toute l’Union européenne un avantage fiscal comme il en existe déjà un pour le PEA en France, prémunissez-nous de la concurrence des gérants d’actifs étatsuniens en Europe et ne nous mettez aucune contrainte en matière tarifaire.
En voilà un discours bien peu libéral.
Des nouvelles du #H2Ogate
Avertissement : j'ai assisté entre novembre 2022 et avril 2023 l'Association Collectif Porteurs H2O dans le cadre d'une mission rémunérée (détails ici). A vous de déterminer si elle influe sur ma couverture de l'affaire H2O AM sur ce blog.
J’avais parlé la semaine dernière des exploits de Lars Windhorst. J’avais notamment mentionné une de ses filiales, Wild Bunch, dont les derniers comptes publiés sont ceux de… 2021.
Le site internet de la société allemande annonçait que les comptes de 2022 et ceux de 2023 seraient publiés le 14 juin. J’étais sceptique, j’avais raison de l’être : le 13 juin, la société annonçait que la publication des comptes 2023 était repoussée au 19 juillet.
Sacré Lars. Il suit le même scénario depuis des années. Qui sera le prochain pigeon ?
Décidément, les voies de l’AMF sont toujours aussi impénétrables.
Le régulateur a en effet eu la riche idée de cesser de mettre à jour le site fournissant les données sur les OPCVM sans avoir mis en ligne de nouvelle version.
Les dernières données disponibles sont en date du 21 mars 2024. Nous sommes le 16 juin 2024.
Allô Houston, y a-t-il quelqu’un aux commandes ?
Je ne peux donc plus suivre la décollecte des fonds H2O AM. Pour les données de performance, je me fournis ailleurs que sur le site de l’AMF et peux donc les mettre à jour, mais elles n’ont aucune importance.
Les valeurs mensuelles estimatives des side-pockets à fin mai 2024 sont à peu près les mêmes qu’à fin avril.
Depuis la scission des 7 fonds sinistrés de H2O AM, il est très difficile de reconstituer la performance des « vieux » fonds d’avant la scission.
Je me livre à l’exercice en calculant une valeur liquidative reconstituée, égale à la somme de la valeur liquidative des « nouveaux » fonds liquides (FCP à la fin du nom) et de la valeur liquidative mensuelle estimative des side-pockets.
Cette valeur liquidative reconstituée est une fiction, car aucune transaction n’est possible sur les side-pockets.
Mais elle permet de voir où en sont les porteurs de parts. Notamment par rapport au plus-haut historique atteint par les « vieux » fonds avant qu’ils ne heurtent des icebergs et fassent naufrage en février et mars 2020.
Autre limite de l’exercice : rien ne dit que les porteurs de parts récupèreront l’équivalent de la dernière valeur liquidative estimative des side-pockets. On ne le saura que quand toutes les participations illiquides auront été revendues au seul acheteur, Tennor, la holding de Lars Windhorst.
Ou plus exactement au fur et à mesure du remboursement par Tennor de la « first super senior secured note » (FSSSN) émise par Tennor, portant intérêt au taux annuel de 4,5% et prévoyant la possibilité de remboursements intermédiaires. Je rappelle (j’en avais parlé ici) que le remboursement total était initialement prévu début 2022. Les créanciers de Tennor, pour éviter la mise en liquidation de la société imposée par un tribunal néerlandais, ont consenti un délai supplémentaire de 6 mois (soit un remboursement début juillet 2022).
Je rappelle aussi que, comme de bien entendu, il n'y a eu aucun remboursement entre juillet et décembre 2022 de la part de Tennor.
Début janvier 2023, H2O AM a laissé entendre dans un communiqué sybillin que Tennor avait procédé fin 2022 à un premier remboursement partiel susceptible de permettre de diminuer le nominal de la FSSSN de 250 millions d'euros.
En fait de 250 millions, ce sont 143,752 millions qui ont été remboursés d'après mes calculs.
Par ailleurs, un porte-parole de Tennor avait déclaré début janvier au quotidien régional allemand Westfallen-Blatt que la holding de Lars Windhorst avait procédé en 2022 à plusieurs remboursements partiels de la FSSSN, dont un fin 2022 pour solde de tout compte.
Après avoir cessé pendant des mois de mettre à jour la valeur estimative mensuelle de side-pockets, bloquée à fin février 2023, H2O AM a dû se résoudre le 12 septembre 2023 à la baisser pour les 7 fonds.
Puis de nouveau en octobre pour les valeurs estimatives à fin septembre. Puis de nouveau en décembre pour les valeurs estimatives à fin novembre.
En janvier 2024, coup de théâtre : la valorisation estimative à fin décembre 2023 est en hausse.
H2O AM, généralement mutique, publiait le 26 janvier 2024 un communiqué de presse pour annoncer « un nouveau remboursement dans les prochaines semaines ».
Remboursement « de l’ordre de 70 millions d’euros ».
Puis nouveau coup de bambou sur les valorisations à fin janvier, en baisse de 109 millions d'euros (voir ci-dessus), avant même que les 70 millions d'euros annoncés aient été remboursés aux porteurs de parts.
Les 20, 21 et 22 mars arrivait le remboursement annoncé : H2O AM avait retenu la leçon de sa désastreuse communication sur le premier remboursement et avait choisi d'annoncer un montant inférieur au montant réel, qui est de 85 millions d'euros, répartis comme suit.
Entre la valorisation initiale d’octobre 2020 et celle de fin mai 2024, compte tenu des remboursements de janvier 2023 et mars 2024, la moins-value latente sur les 7 side-pockets est de près de 1 milliard 331 millions d’euros d’après mes calculs.
La valeur résiduelle des side-pockets à fin mai 2024 est estimée à 81,592 millions d'euros.
S'il n'y a de nouveau remboursement après celui de mars, la perte totale pour les porteurs de parts de side-pockets pourrait donc dépasser 1 milliard et 417 millions d'euros.
C'est le casse du siècle.
Pour les fonds liquides, voilà où on en est au 13 juin 2024 (date de la VL des fonds liquides dont le nom se termine par « FCP », la dernière valeur liquidative mensuelle estimative des side-pockets étant en date du 31 mai 2024).
J'ai ajouté à la VL reconstituée le montant des distributions de janvier 2023 et de mars 2024.
En matière de décollecte, voilà où on en était au 21 mars 2024 (merci et bravo à l’AMF, voir ci-dessus).
En matière de performance, voilà où on en est.
Les produits dont il a été question dans ma semaine Twitter 24 peuvent être achetés en priorité chez votre libraire (pour les livres).
Sinon, si vous n’avez vraiment pas accès à un libraire, ou pour les livres en anglais, parfois plus difficiles à se procurer en librairie en France, vous pouvez cliquer sur les liens disséminés dans ce billet (informations sur le programme d’affiliation Amazon ici).
Vous pouvez suivre le compte Twitter d’Alpha Beta Blog ici et mon compte en anglais là.
Je ne suis pas habilité à donner des conseils sur les produits de placement : ne me sollicitez pas pour cela car je ne vous répondrai pas.
Si vous avez des questions, consultez un conseiller en investissement financier. Un conseiller en investissement financier, c’est quelqu’un que vous payez pour qu’il.elle vous donne des conseils. Dans le jargon de MIF 2, seul le conseiller exclusivement payé par ses clients peut se déclarer indépendant.
Quelqu’un qui est payé par les fournisseurs de produits pour vous vendre lesdits produits, c’est un vendeur, pas un conseiller.
Comment trouver un conseiller en investissements financiers (CIF) indépendant au sens de MIF 2 ? C'est à peu près mission impossible : le site de l'ORIAS, qui est l'organisme auprès duquel s'enregistrent les CIF, ne permet pas de rechercher selon les critères "indépendant" ou "non-indépendant". Pas plus que ne le permettent les sites des 4 associations de CIF agréées par l'AMF.
C'est affligeant et scandaleux.
La charte éditoriale d’Alpha Beta Blog est consultable ici.
C’était ma semaine Twitter 24 de 2024. Sayōnara. さようなら.
Je suis client de cette banque, où je détiens un compte courant, un compte-titres PEA et un compte-titres ordinaire.
BoursoBank précise ceci sur son site : “Dans le cadre de son partenariat avec iShares, BoursoBank perçoit des commissions pour la fourniture de son offre « 0% de frais de courtage ».”
Ce n’est évidemment pas une recommandation d’investissement.
Tarifs appliqués par Saxo Banque pour les offres passés sur Deutsche Börse, la place de cotation de l’ETF Amundi, qui s’est bien gardé de faire coter les ETF Prime sur Euronext Paris.
Comme si “Value for Money” imposait de comparer les frais de stratégies investissant dans des actifs cotés à ceux de stratégies investissant dans des actifs non cotés. Cette remarque est d’une très grande mauvaise foi.
Je me demande vraiment par quelle opération du saint esprit le “financement de la transformation numérique” est venu s’immiscer dans ce débat.
C’est tout à fait exact.
J’aurais bien un conseil : try harder.