Ma Semaine Twitter 46 de 2024
Les ETF dévorent le monde, la CDC au secours des fonds small caps
Je parle souvent ici des grandes plumes de la finance mondiale, qui sont souvent d’âge très vénérable : Warren Buffett, Jeremy Grantham ou Howard Marks.
Je parle un peu moins souvent de plumes tout aussi excellentes, qui sont celles de journalistes (Jason Zweig du Wall Street Journal, John Authers et Matt Levine de Bloomberg, Robin Wigglesworth du Financial Times).
Il y a aussi d’excellentes plumes qui ne sont ni des investisseurs professionnels, ni des journalistes professionnels. Comme John Rekenthaler, qui vient d’annoncer qu’il prenait sa retraite après une carrière de près de 40 ans chez Morningstar aux Etats-Unis.
Rekenthaler est l’un des plus fins connaisseurs de la gestion d’actifs qui soit. Il a longtemps analysé les fonds et les sociétés de gestion avant de devenir un chroniqueur toujours avisé, factuel, de l’écosystème de la gestion d’actifs aux Etats-Unis, qui a beaucoup changé durant sa carrière (en mieux).
Dans son dernier papier, il rend hommage à ce qu’il appelle “le miracle des actions Etats-Unis”. Lisez, c’est passionnant.
La bonne nouvelle, c’est qu’il écrira encore à l’occasion pour Morningstar.
J'ai lancé en novembre 2023 un Substack à destination des investisseurs privés, L'Odyssée des Placements. Mon objectif ? Contribuer à améliorer la littératie financière des abonné.e.s.
Le lancement est parrainé par Indexa Capital, qui commercialise en France le contrat d'assurance vie en gestion sous mandat le moins cher (j'en avais parlé ici) : Indexa Vie Spirica. Vous pourrez bénéficier sous conditions d'une remise pendant un an sur les frais d'assurance et de mandat en suivant ce lien.
Dans Le premier renne, lu la semaine dernière, j’ai retrouvé avec beaucoup de plaisir Nina Nansen et Klemet Nango, les deux enquêteurs d’Olivier Truc, auteur d’une série sur la police des rennes en pays sami, ce peuple autochtone qui vit en Laponie, à cheval sur la Suède et la Norvège.
Dans Le premier renne, il est question de la découverte de terres rares en Laponie et d’un éleveur de moutons français qui hait les loups. C’est excellent et ça ne ressemble à rien de connu (de moi) au pays du polar. D’aucuns parlent d’ethno-polar, ça n’est pas mal vu.
C’est le cinquième ouvrage d’un cycle qui avait commencé avec Le Dernier Lapon puis Le détroit du loup. Avaient suivi La montagne rouge puis Les chiens de Pasvik.
Etienne Dorsay s’était déjà retiré une fois de Twitter avant d’y revenir. Ça sent de nouveau le fagot. Il est actif sur Instagram et son créateur, Gérald Arno, est sur BlueSky.
Je suis depuis quelques mois sur BlueSky (@philmop.bsky.social) où j’observe passivement ce qui se passe. Pas grand chose jusqu’à récemment, mais depuis l’élection de Trump, les flux migratoires de Twitter vers BlueSky augmentent. Je vais dorénavant poster plus régulièrement sur BlueSky, en parallèle de Twitter.
Il n’est pas dit que les Etats-Unis auront le monopole du DOGE (Department of Government Efficiency). Vive la French DOGE Touch ! Vive le Dogecoin1 , crypto parodique devenue grande et promue par Elon Musk qui illustre cette semaine Twitter !
Vous trouvez ce billet trop long ? J’ai fait la synthèse de ce qui suit dans une vidéo de moins de 3 minutes.
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Bienvenue dans ma semaine Twitter 46 de 2024.
Il faut sauver le soldat Small Caps
Si l’on examine les marchés d’actions au niveau le plus élevé (le monde), on constate l’écrasante domination des Etats-Unis, dont le poids dans l’indice MSCI le plus diversifié, le MSCI ACWI IMI2, était de 63,91% à fin octobre 2024.
Le poids des valeurs françaises dans cet indice était inférieur à 2,67% (c’est celui des valeurs chinoises, le 5ème pays de l’indice).
Depuis quelques années, du fait des performances stratosphériques de quelques grandes valeurs technologiques états-uniennes, les indices petites capitalisations. sont à la traîne des indices grandes capitalisations.
D’où un intérêt moindre de la part des investisseurs, d’où un désintérêt des analystes, d’où une liquidité moindre. Le cercle vicieux parfait.
Or, c’est parmi les petites capitalisations d’aujourd’hui que se trouvent certaines des grandes capitalisations de demain.
Il faut donc sauver le soldat Small Caps.
C’est la mission d’un nouveau fonds de la CDC, qui est, avec la BPI, un des bras armés de l’Etat pour soutenir les entreprises françaises : CDC Croissance Sélection PME.
Ce fonds doté de 500 millions d’euros investira dans 25 fonds de petites et moyennes capitalisations France et Zone euro de 100 à 200 millions d’euros d'encours.
Le narratif ?
CDC Croissance Sélection PME interviendra dans une logique d’investisseur de long terme pour accompagner les fonds sélectionnés et favoriser le développement des PME-ETI cotées.
“Favoriser le développement des PME-ETI cotées”, alors qu’un fonds actions ne finance quasiment jamais les entreprises dans lesquelles il investit, puisqu’il achète et vend les actions sur le marché secondaire ?
La CDC a la réponse à mon objection : CDC Croissance Sélection PME veillera à ce que les 25 fonds dans lesquels il investira “étudient systématiquement les introductions en Bourse et les augmentations de capital des sociétés françaises.”
J’espère que tout fonds actions small caps géré activement et sérieusement étudie déjà systématiquement les introductions en bourse dans sa zone géographique et les augmentations de capital des sociétés dont il est actionnaire.
En fait, le vrai objectif semble être celui-ci :
[CDC Croissance Sélection PME] vise à accélérer le retour à une taille critique des fonds sélectionnés pour qu’ils retrouvent leur attractivité auprès des investisseurs institutionnels français et internationaux.
Les investisseurs institutionnels ont des contraintes en matière de ratio d’emprise. Pour qu’ils puissent investir dans un fonds, il faut que celui-ci ait une taille compatible avec ces contraintes. La plupart des fonds actions France petites et moyennes capitalisations ayant des encours modestes, il faut les faire grandir.
Pis encore, ces fonds décollectent. Selon la CDC, “les fonds spécialisés dans les PME-ETI cotées françaises ont connu un niveau de décollecte record de -8Md€ sur 5 ans.”
Le communiqué de presse mentionne aussi des fonds de la zone euro. Quel sera la part des sociétés françaises dans le portefeuille ?
A terme, le fonds aura une exposition indirecte aux PME-ETI cotées françaises de l’ordre de 60 à 80%.
J’ai examiné sur le site Quantalys les fonds actions France petites et moyennes capitalisations. Il y en a une soixantaine et ils sont presque exclusivement gérés par des sociétés de gestion françaises3.
Les frais de gestion des parts tous investisseurs sont plutôt élevés et ils facturent souvent des commissions de surperformance. Certains s’adonnent en outre encore aux scélérates commissions de mouvement. J’espère que c’est un critère d’exclusion pour la CDC.
Les critères de sélection des fonds sont fort vagues :
taille de fonds d’environ 100-200M€, équipes de gestion expérimentées et basées en France, track record positif sur le long terme, capacité à lever des fonds, etc.
Ah, et comme la CDC est le bras armé de l’Etat français, CDC Croissance Sélection PME, qui est géré par CDC Croissance, la société de gestion dédiée à l’investissement dans les petites et moyennes valeurs boursières cotées filiale à 100% de la CDC, “portera une attention particulière au renforcement du rôle d’investisseur responsable des fonds sélectionnés, pour participer à l’accélération de la transition environnementale, sociale et de gouvernance (ESG) des PME-ETI cotées.”
S’il reste quelques sociétés de gestion de fonds actions France petites et moyennes capitalisations qui ne seraient pas montées dans le train de l’investissement responsable, je suppose qu’elles vont rapidement le faire.
Une dernière réflexion, en essayant de prendre de la hauteur : que le bras armé financier de l’Etat, une institution publique, injecte 500 millions d’euros4 dans des fonds actions France petites et moyennes capitalisations pour les rendre plus désirables et revitaliser un segment de la cote moribond, c’est bien ou ce n’est pas bien ?
Les small caps, combien de divisions ?
L’indice S&P SmallCap 600 fête ses 30 ans.
S&P DJ Indices — l’un des trois grands de l’oligopole de la fourniture d’indices avec FTSE Russell et MSCI — segmente le marché des actions aux Etats-Unis en trois blocs de capitalisation :
Le S&P 500 pour les grandes capitalisations
Le S&P MidCap 400 pour les moyennes capitalisations
Le S&P SmallCap 600 pour les petites capitalisations
Le segment SmallCap pèse 2% de la capitalisation du S&P 1500.
Et ailleurs, c’est comment ? Pour répondre à cette question, j’ai utilisé les données de MSCI à fin octobre, un peu plus facilement accessibles que celles des indices de ses deux grands concurrents.
Je rappelle que MSCI inclut par convention les grandes et les moyennes capitalisations dans ses indices géographiques (du pays à la région au monde). Les petites capitalisations sont dans les indices petites capitalisations (SmallCap) ainsi que dans la version IMI (Investable Market Index) des indices géographiques.
J’ai d’abord calculé le poids des petites capitalisations dans le total (grandes + moyennes + petites) à fin octobre 2024 pour quelques pays et quelques zones géographiques.
La capitalisation des petites valeurs françaises est peu élevée et son poids dans le total est très faible par rapport aux autres indices.
C’est au Japon que les petites capi pèsent le plus dans la capitalisation totale : 20,5% Et c’est bien entendu aux Etats-Unis que la capitalisation totale des petites valeurs est la plus élevée.
Pire encore, le nombre de valeurs dans l’indices MSCI SmallCap France est très faible : 74 seulement. Autant dire qu’à part des sociétés de gestion françaises, pas un gérant ne va créer de produits dédié à un univers aussi restreint.
Les capi moyennes et médianes pour la France sont à peu près les mêmes que celles du Japon et sont très inférieures à celles des indices Europe, Etats-Unis et Monde développé.
Trop peu de petites valeurs cotées en France, lesquelles sont en outre trop petites. Je ne crois pas que le fonds CDC Croissance Sélection PME puisse changer cette donne.
Pour un investisseur désireux de s’exposer aux petites capitalisations françaises, mieux vaut le faire via un fonds plus diversifié géographiquement : zone euro, Europe, voire monde développé. Que ce fonds soit géré activement ou indiciel.
On5 affirme souvent que les petites capitalisations se prêteraient plus à la génération d’alpha que les grandes, parce qu’elles sont moins couvertes par les analystes et parce qu’elles sont moins liquides.
Ce n’est pas vraiment le cas d’après les études comparant gestion active et gestion indicielle. J’ai commenté ici les résultats à fin juin 2024 du Morningstar Active/Passive Barometer pour les fonds domiciliés en Europe.
Petit à petit, l’ETF fait son nid
Ce nid est très gros aux Etats-Unis, où les encours à fin octobre sont de 9 980 milliards de dollars d’après ETFGI, pour une collecte depuis le début de l’année de 861 milliards.
Il l’est moins en Europe en général (encours à fin octobre de 2 220 milliards de dollars pour une collecte depuis le début de l’année de 208 milliards), et en France en particulier.
Mais c’est en train de changer, comme le montre une étude6 passionnante de l’AMF : “Activité des investisseurs particuliers sur les ETF”.
Notez qu’en raison des choix méthodologiques de l’AMF7, un tiers des transactions sur ETF déclarées par l’AMF a été exclu du périmètre de l’étude, qui est significativement plus large que celui du Tableau de bord des investisseurs, car il comprend les investisseurs français et les investisseurs européens investissant dans des actifs appartenant au périmètre de l’AMF.
Cette dernière a constaté une multiplication par 4 du nombre d’investisseurs particuliers français sur ETF entre le deuxième trimestre 2019 (88 000) et le deuxième trimestre de 2024 (266 000), ainsi qu’une forte augmentation du nombre de transactions.
La forte progression du nombre d’investisseurs ayant réalisé au moins une transaction sur un ETF entre le 2è trimestre 2023 et le 2ème trimestre 2024 s’explique par l’arrivée massive de nouveaux investisseurs au cours des deux premiers trimestres 2024.
Ce sont les nouveaux investisseurs âgés de moins de 35 ans qui ont très largement favorisé cette progression au cours du premier semestre 2024 : alors qu’en 2019 les moins de 35 ans représentaient 9% des investisseurs français du périmètre de l’étude, ils atteignent 30% en 2024.
Le sweet spot pour les ETF ? La tranche d’âge 25/45 ans.
Au premier semestre 2024, ce sont 45% des investisseurs français ayant entre 25 et 35 ans qui ont négocié des ETF contre seulement 11,7% en 2019, ce qui est extrêmement significatif. Cette très forte poussée des ETF auprès des investisseurs se constate jusqu’à l’âge de 45 ans, tandis que l’investissement en ETF n’augmente que faiblement pour les tranches d’âges suivantes.
Conséquence de cet afflux d’investisseurs jeunes : une très forte baisse de l’âge moyen des investisseurs français en ETF, bien plus importante que pour les investisseurs en actions.
Les moins de 35 ans qui commencent à investir en s’exposant à des ETF n’échapperont pas aux lois de la gravité : ils vieilliront et s’enrichiront collectivement.
En vieillissant, auront-ils envie de se tourner vers la banque ou le CGP de leurs parents et grands-parents ? J’en doute vivement.
Bon courage aux dinosaures rétrocommissionnés vendant de la gestion chère, donc sous-performante.
Cette étude est tellement riche que j’en ferai une restitution plus exhaustive dans un article séparé qui paraîtra prochainement.
Les ETF dévorent le monde
J’ai parlé à plusieurs reprises de l’ETF-isation du monde financier dans ce blog, qui obéit à cette règle simple :
Tout ce qui peut être réglementairement logé dans l’enveloppe ETF le sera. Le meilleur, qui y est déjà. Et le pire.
La plupart des émetteurs d’ETF sont totalement agnostiques quant aux vertus supposées des ETF qu’ils créent.
Vanguard est l’exception : la société de gestion créée par Jack Bogle en 1975 ne propose que des fonds (mutual funds et ETF) suffisamment diversifiés et ayant une réalité économique sous-jacente. Pas de produits thématiques de niche, pas d’ETF sur le bitcoin.
Un émetteur d’ETF crée des produits permettant aux investisseurs d’exprimer leurs vues, quelles qu’elles soient.
Tu es haussier sur les actions de toutes capitalisations du monde entier ? Achète mon ETF répliquant l’indice MSCI World IMI.
Tu es haussier sur les actions Etats-Unis grandes capitalisations ? Achète mon ETF répliquant l’indice S&P 500.
Mais, mais, mais, je lis et j’entends à droite et à gauche que cet indice est tiré par peu de valeurs ayant des ratios de valorisation stratosphériques. Pas de problème, achète mon ETF S&P 500 équipondéré : toutes les valeurs ont le même poids dans le portefeuille, à savoir 0,2%.
Mais, mais, mais, moi, ce qui m’intéresse, ce sont précisément ces très grandes valeurs, j’aime la concentration, que faire ? Pas de problème, achète mon nouvel ETF composé des seules 20 premières valeurs du S&P 500 : iShares S&P 500 top 20 ETF.
Les frais annuels ? 0,2%. C’est à la fois peu et exorbitant par rapport à ceux de iShares S&P 500 Swap UCITS ETF USD, qui sont de 0,05%.
Le pitch ?
Dans la novlangue des communiqués de presse, ça donne ceci :
The increasing prominence of mega-cap stocks in recent years underscores the critical need for investors to modernize the way they capture growth of some of the world’s most well-known companies. Today, BlackRock announced the launch of three8 new ETFs to empower investors with simple solutions to express more granular views on the largest companies listed in the U.S.
En bon français, ça donne cela :
Les 20 premières positions du S&P 500 ont contribué à hauteur de 68% à la performance de l’indice depuis 3 ans.
L’indice S&P 20 a surperformé le S&P 500 de 1,8 point de pourcentage par an depuis 10 ans.
L’indice S&P 20 est évidemment fort concentré sur le secteur Technologies de l’information, qui pèse 48% du total.
Voici le portefeuille complet (il y a 21 valeurs, allez comprendre) au 15/11/2024.
iShares n’est pas le seul émetteur d’ETF à proposer un produit concentré sur les actions Etats-Unis : Amundi va en effet prochainement lancer Amundi MSCI USA Mega Cap UCITS ETF, qui réplique pour 0,15% de frais un indice composé des 37 plus grandes valeurs de l’indice MSCI USA.
Et son pendant, Amundi MSCI USA Ex Mega Cap UCITS ETF, qui réplique un indice excluant les 37 plus grandes valeurs de l’indice MSCI USA et incluant les 556 suivantes.
0,15%, ce n’est pas très cher, mais c’est exorbitant par rapport aux 0,03% de frais annuels facturés par Amundi pour Amundi MSCI USA UCITS ETF (IE000FSN19U2), qui réplique l’indice MSCI USA dans son intégralité.
Bien entendu, pour les investisseurs à très fort niveau de conviction et ayant une très forte tolérance au risque, il existe des instruments permettant d’exprimer des vues de façon encore plus granulaire : les ETF à effet de levier (dans les deux sens) sur une seule action.
Les ETF dévorent le monde, attention à ne pas se laisser dévorer par des produits trop volatils.
Des nouvelles du #H2Ogate
Avertissement : j'ai assisté entre novembre 2022 et avril 2023 l'Association Collectif Porteurs H2O dans le cadre d'une mission rémunérée (détails ici). A vous de déterminer si elle influe sur ma couverture de l'affaire H2O AM sur ce blog.
Le Collectif Porteurs H2O a assigné devant le tribunal de commerce de Paris H2O AM LLP, H2O AM Europe, H2O Holding, Natixis IM, Ostrum AM9, CACEIS et KPMG.
La procédure n’avance pas du tout : Jonathan Blondelet de Gestion de Fortune nous apprend que “[l]a prochaine [audience] est prévue en mars 2025 et le calendrier procédural des audiences au fond, attendu depuis la mi-octobre, ne devrait pas être connu avant le deuxième trimestre de l’année prochaine.”
Cité par Jonathan Blondelet, le collectif porteurs H2O affirme que l’offre d’indemnisation au rabais et inégalitaire des porteurs de parts de fonds cantonnés par H2O AM ne « semble pas avoir reçu l’approbation formelle de l’AMF ».
Ce serait bien que l’AMF confirme ou infirme.
Cette AMF dont les voies sont toujours aussi impénétrables. Le régulateur a en effet eu la riche idée de cesser de mettre à jour le site fournissant les données sur les OPCVM sans avoir mis en ligne de nouvelle version.
Les dernières données disponibles sont en date du 21 mars 2024. Nous sommes le 18 novembre 2024.
Allô Houston, y a-t-il quelqu’un aux commandes ?
Je ne peux donc plus suivre la décollecte des fonds H2O AM. Pour les données de performance, je me fournis ailleurs que sur le site de l’AMF et peux donc les mettre à jour, mais elles n’ont aucune importance.
Depuis la scission des 7 fonds sinistrés de H2O AM, il est très difficile de reconstituer la performance des « vieux » fonds d’avant la scission.
Je me livre à l’exercice en calculant une valeur liquidative reconstituée, égale à la somme de la valeur liquidative des « nouveaux » fonds liquides (FCP à la fin du nom) et de la valeur liquidative mensuelle estimative des side-pockets.
Cette valeur liquidative reconstituée est une fiction, car aucune transaction n’est possible sur les side-pockets.
Mais elle permet de voir où en sont les porteurs de parts. Notamment par rapport au plus-haut historique atteint par les « vieux » fonds avant qu’ils ne heurtent des icebergs et fassent naufrage en février et mars 2020.
Autre limite de l’exercice : rien ne dit que les porteurs de parts récupèreront l’équivalent de la dernière valeur liquidative estimative des side-pockets. On ne le saura que quand toutes les participations illiquides auront été revendues au seul acheteur, Tennor, la holding de Lars Windhorst.
Ou plus exactement au fur et à mesure du remboursement par Tennor de la « first super senior secured note » (FSSSN) émise par Tennor, portant intérêt au taux annuel de 4,5% et prévoyant la possibilité de remboursements intermédiaires. Je rappelle (j’en avais parlé ici) que le remboursement total était initialement prévu début 2022. Les créanciers de Tennor, pour éviter la mise en liquidation de la société imposée par un tribunal néerlandais, ont consenti un délai supplémentaire de 6 mois (soit un remboursement début juillet 2022).
Je rappelle aussi que, comme de bien entendu, il n'y a eu aucun remboursement entre juillet et décembre 2022 de la part de Tennor.
Début janvier 2023, H2O AM a laissé entendre dans un communiqué sybillin que Tennor avait procédé fin 2022 à un premier remboursement partiel susceptible de permettre de diminuer le nominal de la FSSSN de 250 millions d'euros.
En fait de 250 millions, ce sont 143,752 millions qui ont été remboursés d'après mes calculs.
Par ailleurs, un porte-parole de Tennor avait déclaré début janvier au quotidien régional allemand Westfallen-Blatt que la holding de Lars Windhorst avait procédé en 2022 à plusieurs remboursements partiels de la FSSSN, dont un fin 2022 pour solde de tout compte.
Après avoir cessé pendant des mois de mettre à jour la valeur estimative mensuelle de side-pockets, bloquée à fin février 2023, H2O AM a dû se résoudre le 12 septembre 2023 à la baisser pour les 7 fonds.
Puis de nouveau en octobre pour les valeurs estimatives à fin septembre. Puis de nouveau en décembre pour les valeurs estimatives à fin novembre.
En janvier 2024, coup de théâtre : la valorisation estimative à fin décembre 2023 est en hausse.
H2O AM, généralement mutique, publiait le 26 janvier 2024 un communiqué de presse pour annoncer « un nouveau remboursement dans les prochaines semaines ».
Remboursement « de l’ordre de 70 millions d’euros ».
Puis nouveau coup de bambou sur les valorisations à fin janvier, en baisse de 109 millions d'euros (voir ci-dessus), avant même que les 70 millions d'euros annoncés aient été remboursés aux porteurs de parts.
Les 20, 21 et 22 mars arrivait le remboursement annoncé : H2O AM avait retenu la leçon de sa désastreuse communication sur le premier remboursement et avait choisi d'annoncer un montant inférieur au montant réel, qui est de 85 millions d'euros (voir tableau ci-dessous).
Le 7 août 2024, après la publication du rapport accablant de la FCA (le régulateur britannique) détaillant les nombreux mensonges et manquements de H2O AM, la société de gestion indiquait qu’elle avait “sécurisé” 250 millions d’euros pour rembourser les porteurs de parts.
Sans respecter l’égalité de ces derniers, puisqu’il était indiqué que les porteurs qui “[renonceraient] à toute action contre le Groupe H2O AM et les tierces parties en relation à ces investissements et à leur gestion” bénéficieraient “d’un paiement accéléré et majoré “.
Les autres devront attendre jusqu’à six ans pour être remboursés partiellement.
Entre la valorisation initiale d’octobre 2020 et celle de fin septembre 2024, compte tenu des remboursements de janvier 2023 et mars 2024, la moins-value latente sur les 7 side-pockets est de près de 1 milliard 322 millions d’euros d’après mes calculs.
La valeur résiduelle des side-pockets à fin septembre 2024 est estimée à 90,6 millions d'euros.
Si H2O AM rembourse 250 millions d’euros et s'il n'y a pas d’autre remboursement, la perte totale pour les porteurs de parts de side-pockets pourrait donc être de 1 milliard 163 millions d'euros.
Le taux de recouvrement de la valorisation initiale des side-pockets serait de 29%.
C'est le casse du siècle.
Pour les fonds liquides, voilà où on en est au jj mm 2024 (date de la VL des fonds liquides dont le nom se termine par « FCP », la dernière valeur liquidative mensuelle estimative des side-pockets étant en date du 30 septembre 2024).
J'ai ajouté à la VL reconstituée le montant des distributions de janvier 2023 et de mars 2024.
En matière de décollecte, voilà où on en était au 21 mars 2024 (merci et bravo à l’AMF, voir ci-dessus).
En matière de performance, voilà où on en était au 14 novembre 2024.
Les produits dont il a été question dans ma semaine Twitter 46 peuvent être achetés en priorité chez votre libraire (pour les livres).
Sinon, si vous n’avez vraiment pas accès à un libraire, ou pour les livres en anglais, parfois plus difficiles à se procurer en librairie en France, vous pouvez cliquer sur les liens disséminés dans ce billet (informations sur le programme d’affiliation Amazon ici).
Vous pouvez suivre le compte Twitter d’Alpha Beta Blog ici et mon compte en anglais là.
Je ne suis pas habilité à donner des conseils sur les produits de placement : ne me sollicitez pas pour cela car je ne vous répondrai pas.
Si vous avez des questions, consultez un conseiller en investissement financier. Un conseiller en investissement financier, c’est quelqu’un que vous payez pour qu’il.elle vous donne des conseils. Dans le jargon de MIF 2, seul le conseiller exclusivement payé par ses clients peut se déclarer indépendant.
Quelqu’un qui est payé par les fournisseurs de produits pour vous vendre lesdits produits, c’est un vendeur, pas un conseiller.
Comment trouver un conseiller en investissements financiers (CIF) indépendant au sens de MIF 2 ? C'est à peu près mission impossible : le site de l'ORIAS, qui est l'organisme auprès duquel s'enregistrent les CIF, ne permet pas de rechercher selon les critères "indépendant" ou "non-indépendant". Pas plus que ne le permettent les sites des 4 associations de CIF agréées par l'AMF.
C'est affligeant et scandaleux.
La charte éditoriale d’Alpha Beta Blog est consultable ici.
C’était ma semaine Twitter 46 de 2024. Sayōnara. さようなら.
Ceci n’est évidemment PAS une recommandation d’investissement.
Qui comprend les grandes, moyennes et petites capitalisations de 23 marchés considérés par MSCI comme développés et 24 marchés considérés comme émergents et représente 99% de la capitalisation boursière mondiale totale.
Certains sont gérés par des sociétés de gestion françaises filiales d’assureurs non français (Allianz et Generali).
Soit 20 millions d’euros par fonds en moyenne pour 25 fonds.
“On“ = des gérants actifs ou des vendeurs de fonds gérés activement.
Réalisée par Yoann Abadie, Edouard Chatillon, Michel Degryse et Patricia Dos Santos de la Direction de la supervision des intermédiaires et infrastructures de marché.
“[L]es données de cette étude couvrent l’ensemble des transactions reçues par l’AMF depuis 2019 sur les ETF, les actions et droits actuellement sous compétence de l’AMF, et impliquent aussi bien les investisseurs français qu’européens négociant des actions et/ou des ETF sous compétence de l’AMF.”
Il y a aussi iShares Nasdaq Top 30 Stocks ETF et iShares Nasdaq-100 ex Top 30 ETF.
Cette société de gestion filiale de Natixis a fait l’objet d’une intervention forcée dans la procédure au fond octobre de la part du Collectif Porteurs H2O qui veut connaître son rôle dans le contrôle interne de H2O AM.