Connaissez-vous Vanguard ?
Le 2ème gérant d'actifs mondial ne sert qu'un maître depuis 50 ans

Il fut une époque heureusement révolue où une maxime du joueur de football anglais Gary Lineker avait presque valeur d’évangile :
Le football est un jeu simple. Vingt-deux hommes courent après un ballon pendant 90 minutes, et à la fin, ce sont toujours les Allemands qui gagnent.
Dans la variante contemporaine de cette maxime, on peut remplacer le football par la gestion d’actifs et l’équipe d’Allemagne par des sociétés de gestion étatsuniennes.
BlackRock est le plus grand gérant d’actifs au monde, avec des encours de 11 600 milliards de dollars à fin 2024. Cette société créée aux Etats-Unis, cotée depuis 1999, a une forte visibilité, notamment parce que son dirigeant, Larry Fink, est lui-même très visible.
On trouve derrière BlackRock une société de gestion beaucoup moins connue, bien plus discrète, mais fort intéressante : Vanguard1.
Vanguard a été créée aux Etats-Unis en 1975 par Jack Bogle. Ce dernier était à l’origine un pur produit de la gestion des années 1960 : un partisan de la gestion active.
A l’issue d’un cheminement personnel, il décida de créer Vanguard pour proposer aux investisseurs des véhicules d’investissement collectifs indiciels.
En raison de contraintes liées à son précédent emploi, il opta pour une structure de type mutualiste : Vanguard est juridiquement détenue par les fonds qu’elle gère, donc indirectement par les investisseurs dans ces fonds.
Jack Bogle estimait en effet qu’une société de gestion ne devait servir qu’un seul maître : les investisseurs dans ses fonds, là où les sociétés de gestion traditionnelles en servent deux : leurs actionnaires et les investisseurs dans leurs fonds. Faire des investisseurs dans les fonds de Vanguard les actionnaires indirects de Vanguard permettait de supprimer le conflit de loyauté.
Pour « rémunérer » ses « actionnaires », Vanguard ne verse donc pas de dividendes et ne rachète pas ses propres actions. Elle rend à ses « actionnaires » les économies d’échelle réalisées grâce à la croissance des encours (sous le double effet de la collecte et du marché) sous forme de baisse des frais de gestion.
50 ans après son lancement (et 49 ans après le lancement de son premier fonds indiciel), les encours ont crû : plus de 10 000 milliards de dollars à fin septembre 2024.
Et la promesse de Jack Bogle a été tenue : depuis 1975, Vanguard a baissé les frais de certains de ses fonds à plus de 2000 reprises.
La dernière baisse de frais, annoncée début février 2025, est la plus importante de l’histoire de la société : elle concerne 85 fonds aux Etats-Unis (mutual funds traditionnels et ETF, indiciels et gérés activement) et restitue aux investisseurs l’équivalent de 350 millions de dollars en 2025 (sur la base des encours à fin novembre 2024 des fonds concernés).
Cette baisse de frais amène les frais moyens pondérés des encours des fonds de Vanguard aux Etats-Unis à 0,07%. Je répète : 0,07%.
Ne servant qu’un seul maître, les investisseurs dans ses fonds, Vanguard ne rémunère pas les distributeurs. Mais elle les appuie par une recherche très appliquée. Vanguard a ainsi quantifié l’apport des vrais conseillers financiers aux performances de leurs clients : la société estime que l’ « Advisor Alpha » s’élève à 2% par an.
Morningstar a récemment établi un palmarès de la création de richesse par les sociétés de gestion aux Etats-Unis sur 10 ans à fin 2024, en neutralisant l’effet de la collecte. Le champion est Vanguard, avec 4700 milliards de dollars de richesse créée.
La majeure partie de cette « création » est le fait des marchés eux-mêmes, puisque Vanguard est un gérant avant tout indiciel. Mais quand même : des frais de gestion plus bas, c’est autant de performance en plus qui revient au client.
Vanguard est présent en Europe. Si la société n’y est pas aussi agressive sur les frais qu’aux Etats-Unis, sa gamme de droit irlandais a une tarification très compétitive, tant pour les produits indiciels qu’actifs.
Retenez ce nom : Vanguard. Vous en réentendrez parler.
Cette chronique, rédigée le 18 février 2025, est parue initialement dans le numéro de mars 2025 de Gestion de Fortune, sans les illustrations, les notes de bas de pages, ni les liens.
J’ai un contrat Indexa Vie Spirica. La gestion sous mandat de ce contrat utilise des fonds indiciels de Vanguard.
Bonjour,
Les pratiques commerciales de Vanguard sont honorables. On ne peut pas en dire autant du français Amundi qui, dans son historique récent, avait déjà des ETF qui changent d'indice en cours de route, et d'autres qui, de capitalisant passent à distribuant.
Nouveau coup bas de la marque : Black Rock étant venu concurrencer sur PEA avec l'ETF WPEA le célèbre ETF World d'Amundi CW8, on attendait la réplique. Une baisse des frais sur le CW8 ? Et bien pas du tout. Création d'un ETF tout neuf aux frais réduits, le DCAM. Et tant pis pour les détenteurs de parts de CW8. Qu'ils continuent à payer des frais excessifs.
Amundi n'est définitivement pas l'ami de l'investisseur à long terme.