Prenez le train de la révolution ETF !
J'ai eu l'immense plaisir de préfacer l'excellent livre d'Edouard Petit sur les ETF, Créer et Piloter un Portefeuille d'ETF, dont je parle plus longuement ici. Voici ma préface, n'oubliez pas d'acheter le livre (cliquez ici pour la version papier
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Et si vous montiez dans le train de la révolution de l’investissement à bas coûts ? Depuis plusieurs années, les investisseurs aux Etats-Unis vendent les fonds actifs par centaines de milliards de $ pour acheter des fonds et ETF indiciels à bas coûts. Pourquoi ? Parce qu’ils ont compris qu’en payant moins de frais ils obtenaient une performance supérieure.
Cette révolution est à la portée des investisseurs français à condition de suivre quelques règles simples : définir une allocation d’actifs en fonction de l’objectif recherché, sélectionner des ETF à bas coûts, épargner régulièrement et ne pas chercher à faire de paris.
“C’est trop compliqué pour moi.” Non ce n’est pas trop compliqué, pour comprendre, il vous suffira de lire le dernier livre d’Edouard Petit.
J’ai reçu en mai 2017 un mail d’une personne que je ne connaissais pas. La première phrase d’Edouard Petit - mon correspondant inconnu - titille ma curiosité (c’est moi qui souligne en gras) : “Je suis passionné par l'evidence-based investing et par l'investissement passif.”
Diantre, qui est donc ce passionné d’evidence-based investing (ci-après EBI), une approche de plus en plus populaire dans les pays où les futurs retraités doivent prendre en mains leur épargne-retraite (Etats-Unis, Australie, Angleterre par exemple), mais à peu près totalement inconnue en France ?
Tentons une définition simple : l’EBI est une approche de l’investissement consistant à s’appuyer sur des données factuelles et vérifiables plutôt que sur des opinions et des rumeurs.
Ma curiosité franchement piquée (je suis moi aussi passionné d’EBI), j’accepte l’invitation d’Edouard à prendre un café.
Edouard me raconte son parcours d’investisseur, l’ayant conduit à emprunter des voies encore bien peu fréquentées en France, après avoir beaucoup lu les théoriciens et les praticiens de tout ce qui constitue l’EBI.
Je découvre alors qu’une personne n’appartenant pas au sérail de la gestion d’actifs (Edouard est en effet consultant spécialisé dans la transformation digitale des entreprises) a accumulé une masse de connaissances considérable, seul dans son coin, et a écrit un premier livre, Epargnant 3.0, dont il m’offre un exemplaire.
Epargnant 3.0 était un coup d’essai et déjà un coup de maître. Dans ce bref ouvrage d’environ 100 pages, Edouard faisait l’éloge de la passivité en suggérant d’utiliser des ETF à bas coûts pour s’exposer aux actions (soit dans une enveloppe assurance vie, soit dans un Plan d’Epargne en Actions), avec en complément une poche à faible risque investie dans le fonds euros d’un contrat d’assurance vie.
Il recommandait de faire des versements réguliers sans chercher à choisir le “bon” moment. Et de laisser faire le marché boursier, qui délivre sur longue durée des performances supérieures à celles de la quasi totalité des actifs.
Edouard me confie également qu’il termine la rédaction de son deuxième livre, dont il m’envoie les épreuves que je lis pendant l’été 2017.
Dans “Construire et piloter un portefeuille d’ETF”, Edouard Petit passe à la vitesse supérieure et nous emmène à la découverte de toutes les approches de l’investissement pertinentes pour un partisan de l’EBI.
Le monde de la gestion adore les concepts inutilement compliqués et utilise un jargon intimidant pour le commun des mortels. Passionné d’éducation financière, Edouard Petit utilise une approche didactique.
Il décrypte l’univers des ETF, ces fonds cotés en bourse répliquant la performance d’un indice, en utilisant un vocabulaire accessible. Ce faisant, il démystifie un sujet essentiel, celui de la gestion d’un portefeuille de produits financiers.
Et surtout, il contribue à lancer en France un débat qui fait rage aux Etats-Unis depuis des années, et que l’on peut résumer comme suit.
Les marchés actions se sont considérablement développés et professionnalisés (“institutionnalisés”) depuis le début des années 1980. Les investisseurs privés, dominants jusque là, ont progressivement cédé la place à des professionnels de mieux en mieux formés.
Là où les particuliers détenaient auparavant des actions en direct, ils détiennent aujourd’hui des fonds gérés par des sociétés de gestion, et donc par ces mêmes professionnels de mieux en mieux formés.
Avant cette institutionnalisation des marchés financiers, les professionnels pouvaient faire la différence face à des particuliers et générer assez facilement le mythique “alpha”, c’est-à-dire une performance supérieure à celle du marché sur lequel ils sont actifs, marché incarné par un indice boursier.
Aujourd’hui que les professionnels traitent entre eux, cet alpha est beaucoup plus rare : quand un professionnel effectue une transaction qui s’avère payante, le professionnel avec lequel il a traité perd. C’est l’implacable arithmétique de la gestion théorisée par William Sharpe. Pour tout gagnant, il faut un perdant.
De plus, le coût de la gestion active a beaucoup augmenté entre le début des années 1980 et la fin de la première décennie du XXIème siècle. Si de nombreux gérants actifs font mieux que le marché avant frais, très peu d’entre eux font mieux après frais. Et c’est bien entendu la performance nette de frais qui intéresse les investisseurs.
Tant qu’il n’existait pas d’alternative à la gestion active, les gérants actifs pouvaient dormir tranquilles. Heureusement pour les investisseurs, deux phénomènes se sont conjugués pour diminuer le coût de la gestion : la fondation de Vanguard aux Etats-Unis en 1975 d’une part, et l’invention des ETF avec le lancement du premier produit en 1993 d’autre part.
Vanguard, créé au Etats-Unis par Jack Bogle, est depuis le premier jour le champion de l’investissement à bas coûts. Surtout connu pour sa gestion indicielle, avant tout via des fonds classiques, mais de plus en plus via des ETF, le deuxième gérant d’actifs au monde en encours après BlackRock est aussi un poids lourd de la gestion active.
Mais qu’il s’agisse de son activité de gestion active ou de celle de gestion passive, Vanguard est le champion des coûts bas : la société est en effet détenue par les fonds qu’elle gère, donc par les détenteurs de parts de ses fonds.
Eh oui, c’est une structure mutualiste dans sa forme la plus achevée, qui fait bénéficier ses clients de toutes les économies d’échelle réalisées depuis plus de 40 ans sous forme de baisse des frais de gestion.
Quant aux ETF, ces fonds répliquant un indice afin d’en délivrer la performance, il s’agit vraisemblablement d’une des innovations les plus bénéfiques de l’histoire pour les investisseurs.
Pourquoi en effet s’évertuer à sélectionner des gérants actifs quand on sait que le plupart d’entre eux ne font pas mieux que le marché (ou qu’un ETF) sur longue durée ? Et que si certains délivrent de la surperformance sur une certaine période, très peu le font avec consistance, sur longue durée ? Et qu’il est extrêmement difficile, voire impossible, d’identifier les très rares gérants capables de surperformer durablement à l’avance ?
Pour la majorité des investisseurs, la meilleure approche est celle que décrit Edouard Petit : définissez préalablement une allocation d’actifs vous permettant d’atteindre votre objectif. Cette allocation d’actifs initiale aura une influence déterminante sur la performance de votre investissement. Dans un deuxième temps seulement, sélectionnez des fonds indiciels à bas coûts (attention en effet : certains fonds indiciels sont très chers !). Ensuite, épargnez régulièrement et ne cherchez pas à faire de paris.
J’ajouterais, à l’usage des plus jeunes, un conseil supplémentaire : commencez le plus tôt possible, fût-ce avec de petites sommes. Et pour tous, un ultime conseil : n’écoutez pas le babil incessant des commentateurs. Si votre horizon de placement est de 30 ans, peu importent l’évolution du CAC 40 depuis hier, les derniers résultats trimestriels de Total ou l’impact du Brexit. Vous n’avez pas la moindre idée des conséquences des multiples événements sur votre portefeuille, les journalistes et les “experts” non plus et votre portefeuille s’en moque complètement.
En bref : choisissez une allocation d’actifs, sélectionnez des ETF à bas coûts, limitez le nombre de transactions et ne vous laissez pas distraire par le bruit médiatique.
Les investisseurs n’ont jamais été aussi choyés qu’aujourd’hui : grâce aux ETF, il est possible de s’exposer à la croissance de l’économie mondiale pour un très faible coût.
En effet, un investisseur aux Etats-Unis peut se constituer un portefeuille diversifié d’actions et d’obligations coûtant moins de 0,10% de frais de gestion par an ; le marché français est nettement moins concurrentiel pour le moment, et il faut plutôt tabler sur des frais de gestion de 0,3 à 0,4% pour des ETF actions monde, et de 0,5 à 1% pour un fonds euros. Pour la partie actions, c’est bien moins cher que les fonds vendus par votre banque dans son contrat d’assurance vie maison.
Et grâce à la digitalisation, il existe aujourd’hui des canaux de distribution bien moins onéreux que les canaux traditionnels : si vous devez acheter en bourse pour votre PEA, utilisez un courtier en ligne, bien moins cher que votre banque. Et si vous voulez souscrire à un contrat d’assurance vie, vous avez l’embarras du choix sur internet : les contrats les moins chers ont des frais de gestion de l’ordre de 0,5% par an, là où le contrat de votre banque peut vous coûter 1% par an.
La différence entre 0,5% et 1% peut apparaître faible à première vue. Mais rappelez-vous qu’il s’agit d’un coût que vous supportez, même si vous ne recevez pas de facture.
J’utilise fréquemment une analogie avec le prix de l’essence. Imaginez que le litre d’essence SP 95 coûte 1,30 € dans une station-service discount et 2,60 € dans une station service à l’enseigne d’un grand pétrolier. Feriez-vous un détour pour faire le plein à 1,30 € ? Le rapport entre un litre d’essence à 1,30 € et un litre à 2,60 € est le même qu’entre un contrat d’assurance vie à 0,5% par an et un autre à 1%.
Et le rapport est encore plus important entre les frais des fonds actions gérés activement (frais indolores que les investisseurs paient sans même s’en apercevoir) et ceux des ETF : les frais de gestion annuels des fonds actifs vont généralement de 1,80% à 2,4%, ceux des ETF actions de 0,2% à 0,6%. Si l’on prend 2% en moyenne pour les fonds actions gérés activement et 0,4% pour les ETF, le litre d’essence de la gestion active vous coûte 6,50 € contre 1,30 € pour celui de la gestion indicielle ! Feriez-vous un détour pour faire le plein à 1,30 € ?
Et l’impact sur longue durée sur votre portefeuille de cette différence considérable est dévastateur !
La gestion indicielle à bas coûts va avoir le même effet que les compagnies low cost sur le transport aérien ou que Free sur le marché de la téléphonie mobile : moins de frais, c’est plus de performance nette dans la poche des épargnants.
Le dernier livre d’Edouard Petit vous fournit toutes les ressources pour que vous puissiez profiter de la révolution de la gestion indicielle à bas coûts et prendre en main la gestion de votre portefeuille. Bonne lecture !