
L’écosystème de la gestion et de la vente de produits de placement auquel ce blog s’intéresse depuis sa création fonctionne à peu près exclusivement sur le modèle des rétrocommissions : les fournisseurs de produits ajoutent aux frais de gestion de leurs produits gérés activement la rémunération des vendeurs.
Les vendeurs vendent.
Les clients finaux paient l’addition sous la forme d’une sous-performance relative plus ou moins importante en raison des deux couches de frais, qu’aucun des acteurs de l’écosystème n’a intérêt à voir baisser.
Certains segments de cet écosystème se caractérisent par des frais hallucinants. C’est le cas des SCPI, avec leurs frais de souscription démesurés et leurs frais de gestion tout aussi démesurés.
Fin 2022, l’AMF s’était inquiétée de la valorisation de l’immobilier commercial détenu dans des véhicules de type SCPI en raison de la forte hausse des taux d’intérêt.
En 2023, elle avait exigé des sociétés de gestion de SCPI une mise à jour de la valorisation de leurs fonds afin de refléter l’évolution des prix immobiliers et leur avait demandé de remettre un rapport avant fin août.
Dans la plupart des cas, la valorisation des SCPI fut révisée à la baisse, parfois très fortement, et ces révisions à la baisse se poursuivent.
Il est stupéfiant qu’il ait fallu une mise en demeure de l’AMF pour que les sociétés de gestion ajustent la valorisation du patrimoine des SCPI.
Depuis, c’est la guerre commerciale pour relancer la machine à rétrocommissions dans un marché presque paralysé, en utilisant parfois des arguments commerciaux de marchand de tapis1.
Même le régulateur a remarqué ces pratiques déviantes (source).
Ces derniers mois, l’AMF a constaté la multiplication de discours commerciaux déséquilibrés et parfois trompeurs dans le cadre de la distribution de sociétés civiles de placement immobilier (SCPI).
Parce qu’une de ses missions est de protéger les épargnants, l’AMF a a décidé de “rappeler à l’ensemble des acteurs impliqués dans la distribution ou la promotion des SCPI leurs obligations conformément à la réglementation en vigueur sur la commercialisation.”
Elle a ainsi dû rappeler qu’il n’était “pas autorisé de communiquer sur la performance d’une SCPI ayant moins de 12 mois d’historique”, ce qu’ont ignoré certains acteurs qui ont osé mettre en avant des performances inférieures à un an après les avoir annualisées.
Ou qui mettaient en avant le taux de distribution de leur produit sans qu’il soit accompagné “d’un indicateur de performance plus globale calculé sur la même période”.
L’AMF rappelle que ce “taux de distribution ne donn[e] qu’une information partielle sur la performance réelle de la SCPI [et] peut même être trompeur puisque ce taux augmente facialement lorsque le prix de la part diminue, toutes choses égales par ailleurs, alors même que la valeur des parts détenues par les associés existants de la SCPI a diminué.”
La réaction de l’AMF me rappelle un peu un nanard de Michel Gérard avec Jerry Lewis2 et Michel Blanc sorti en 1984, Retenez-moi… ou je fais un malheur !
J'ai lancé en novembre 2023 un Substack à destination des investisseurs privés, L'Odyssée des Placements. Mon objectif ? Contribuer à améliorer la littératie financière des abonné.e.s.
Le lancement est parrainé par Indexa Capital, qui commercialise en France le contrat d'assurance vie en gestion sous mandat le moins cher (j'en avais parlé ici) : Indexa Vie Spirica. Vous pourrez bénéficier sous conditions d'une remise pendant un an sur les frais d'assurance et de mandat en suivant ce lien.
Cela fait des années que je vois Naomi Oreskes dans divers documentaires. Elle est historienne des sciences et professeur à l’université Harvard.
Elle est souvent interrogée en tant que co-autrice avec Erik M. Conway du livre Les marchands de doute3 consacré aux manoeuvres de scientifiques à la solde de l’industrie du tabac et des acteurs des énergies fossiles pour entretenir le doute sur des sujets sur lesquels il existe pourtant un consensus scientifique.
A la médiathèque Françoise Sagan, sise dans le 10ème arrondissement de Paris et où j’ai mes habitudes, je suis tombé sur Le grand mythe - Comment les industriels nous ont appris à détester l'Etat et à vénérer le libre marché4, un livre prodigieusement intéressant qu’elle a également co-écrit avec Conway.
Les auteurs font la généalogie des campagnes de désinformation menées par des groupes comme la NAM (National Association of Manufacturers) pour discréditer le rôle de l’Etat et glorifier celui du marché. Ils reviennent également sur l’histoire de la Société du Mont Pélerin et sur la création de l’Ecole de Chicago.
J’ai appris que La petite maison dans la prairie, série télé culte de mon enfance, était à peu près totalement fictive, la famille Ingalls ayant connu une vie bien plus rude que celle, quasi idyllique, qui est décrite dans les pseudo-souvenirs écrits par Laura Ingalls Wilder et sa fille Rose Wilder Lane.
Cette dernière était contre la démocratie et faisait partie des trois “furies du libertarisme” avec Ayn Rand et Isabel Paterson, dont il est également question dans le livre.
Le tome 1 du livre est ici, la série est là.
Le Grand Mythe permet en partie d’éclairer ce qui se passe avec T…p 2.0 et son Coup d’Etat permanent.
J’aime bien Claude Malhuret.
Ce Monsieur Kak n’a rien avoir avec l’autre CAC, le 40. C’est un dessinateur de presse, qui officie notamment à L’Opinion.
Vous trouvez ce billet trop long ? J’ai fait la synthèse de ce qui suit dans une vidéo de moins de 3 minutes.
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Je suis de plus en plus actif sur mon compte Bluesky, réseau social ressemblant à X/Twitter, en beaucoup plus civilisé.
Bienvenue dans ma semaine Bluesky 11 de 2025.
Gestion active : que dit le baromètre ?
J’ai présenté la semaine dernière les résultats à fin 2024 de l’étude SPIVA pour les fonds domiciliés aux Etats-Unis. Ils étaient calamiteux pour la team gestion active.
Je préfère de très loin la méthodologie du Morningstar Active/Passive Barometer à celle de SPIVA : le Baromètre Actif/Passif de Morningstar compare la team gestion active à la team gestion indicielle, là où SPIVA compare la team gestion active à des indices S&P DJ.
Or, un indice est une fiction non investissable : pour s’y exposer, il faut passer par le truchement d’un fonds le répliquant. Lequel fonds facture généralement des frais venant en déduction de la performance brute du portefeuille.
SPIVA, qui existe depuis 2002, sous-estime donc par construction les résultats collectifs de la team gestion active.
Dans son baromètre lancé en 2015, Morningstar définit la réussite d’un fonds géré activement comme suit : le fonds doit exister sur la totalité de la période analysée et faire mieux que la moyenne des fonds indiciels de sa catégorie.
Quant au taux de réussite des fonds gérés activement d’une catégorie, il est calculé comme suit : pourcentage de fonds gérés activement survivant sur toute la durée d’analyse et battant la performance moyenne des fonds indiciels de la même catégorie.
La méthodologie du baromètre vient d’évoluer. Auparavant, la performance moyenne des fonds indiciels était une performance arithmétique. Dorénavant, Morningstar calcule une performance pondérée des encours, qui reflète mieux l’expérience collective des investisseurs.
La raison invoquée par Morningstar pour ce changement, c’est la prolifération de fonds indiciels de niche (par exemple sur des thématiques).
Dans une moyenne arithmétique de performance, leur impact est identique à celui des très grand fonds indiciels diversifiés. Pour que ces nombreux produits de niche ne biaisent pas le calcul de performance de leur catégorie, Morningstar a donc choisi de pondérer par les encours.
Morningstar vient de publier les résultats à fin 2024 de son baromètre Actif/Passif pour les fonds domiciliés en Europe.
Ces résultats sont calamiteux pour la team gestion active.
Le taux de réussite des gérants actifs pour 38 catégories de fonds actions s'est élevé à 29,1% en 2024, en légère hausse par rapport à 28,7% en 2023.
Sur 10 ans, le taux de réussite moyen des gérants actifs d'actions pour le même univers d’analyse s’est élevé à 14,2%.
En d’autres termes, sur 10 ans, 14,2% des gérants actions actifs ont survécu et fait mieux que les fonds indiciels de leur catégorie.
C’est à peine moins catastrophique pour les gérants obligataires : leur taux de réussite à 10 ans est de 26%.
Voici l’évolution du taux de succès glissant des fonds gérés activement analysés par Morningstar sur différentes durées .
Pour les fonds actions, plus la durée est longue, moins la fluctuation et le taux de succès sont importants, notamment en raison de la mortalité des fonds, qui s’accroît avec le temps, comme le montrent les illustrations incluses dans le skeet5 ci-dessus.
Sur les durées d’investissement minimum pour un investissement de ce type (5 à 10 ans), le taux de succès est fort bas.
Mêmes enseignements pour les fonds obligataires, pour lesquels les taux de succès sont supérieurs à ceux des fonds actions, tout en restant bas.
Bien entendu, sur toutes les périodes et dans toutes les catégories, il y a toujours des fonds gérés activement qui survivent et font mieux que les fonds indiciels de leur catégorie.
La question importante pour les distributeurs rétrocommissionnés de produits de placement est la suivante : savez-vous les identifier à l’avance avec un degré de fiabilité élevé ?
Si ça n’est pas le cas, faites de l’indiciel6.
Si c’est le cas, j’aimerais tellement que vous partagiez votre recette avec les lecteurs de ce blog en utilisant le forum.
Market timing : à vos risques et périls
Monevator est un excellent site anglais sur les finances personnelles.
Ce site a deux contributeurs principaux : The Investor, actif dans son approche des placements, et The Accumulator, qui considère que la gestion indicielle est la meilleure option pour la plupart des investisseurs.
Dans un papier récent, The Investor s’est penché sur les séductions du market timing, en s’inspirant de Hetty Green (1834-1916), une pionnière de l’investissement en bourse aux Etats-Unis pendant le Gilded Age (surnommée “Queen of Wall Street” et “Witch of Wall Street”), qui aurait maîtrisé l’art difficile de ce market timing.
Là où Jesse Livermore (1877-1940), célèbre spéculateur né 43 ans après Green, a enchaîné succès et échecs, manipulant certains marchés et faisant faillite trois fois avant de se suicider.
Hetty Green se serait enrichie en investissant quand il y avait du sang dans la rue, suivant en cela le précepte attribué à Nathan Rothschild7 et en ne vendant presque jamais.
The Investor n’encourage pas les investisseurs à chercher à timer le marché8, tant cet exercice est difficile.
[E]n pratique, la plupart des gens qui cherchent à timer le marché pourraient tout aussi bien agiter une baguette magique devant un crapaud.
Mais à ceux qui ne peuvent pas résister à la tentation, il donne quelques conseils que j’ai trouvés sensés pour certains et difficiles, voire impossibles à suivre pour d’autres.
Mettez en place un plan à l’avance : “Passer soudainement d’une approche passive au market timing au milieu d’un crash, ce n’est pas être stratège. C’est céder à la panique”.
Ne misez pas tout, ou rien, sur les actions.
Concentrez-vous sur les anomalies les plus énormes9.
Rappelez-vous que quand vous sortez complètement du marché, il vous faut choisir quand y rentrer de nouveau.
Surveillez la tendance.
Choisissez des valeurs de qualité plutôt de vous ruer vers la camelote qui redémarre en premier lors de la reprise des marchés.
Je continuerai de fuir comme la peste le market timing : j’ai conscience de n’avoir aucune compétence pour m’y adonner et je n’ai à ce jour identifié aucun gérant doté de talents durables en la matière.
The Investor conclut ainsi son article :
Les traders les plus abîmés sont les market timers qui se sont plantés une fois et qui sont restés ensuite non investis pour toujours.
Mais si ça vous démange trop et que vous voulez vraiment faire du market timing, soyez
plus comme Hetty Green et moins comme votre charlatan préféré sur les réseaux sociaux ou votre gourou du trading sur YouTube.
Charles Slack a écrit une biographie de Hetty Green : Hetty - The Genius and Madness of America's First Female Tycoon.
Si vous y tenez vraiment, vous pouvez lire Mémoires d'un spéculateur - La biographie de Jesse Livermore, l'un des plus grands spéculateurs de tous les temps d’Edwin Lefevre. En vous rappelant que ce spéculateur a tout perdu à plusieurs reprises et s’est suicidé.
Extension du domaine des guerres culturelles
Les guerres culturelles sont des combats à vocation exclusivement politique sur des thèmes soigneusement choisis pour susciter la colère d’un électorat cible.
Les Républicains états-uniens en sont les maîtres. Pour ratisser large, tout ce qui a trait aux droits des minorités fait l’objet de culture wars. Quand on a ratissé large, on zoome sur des sujets de niche : l’ESG a ainsi été attaqué depuis quatre ans par certains gouverneurs républicains d’Etats pétroliers.
Symbole de la trumpisation accélérée de la plupart des grands dirigeants d’entreprises, Jamie Dimon, le dirigeant de JPMorgan, vient d’attaquer des cibles totalement inattendues, dans une extension du domaine des Culture Wars.
Ces cibles sont les deux principaux proxy advisors, ces sociétés conseillant les investisseurs institutionnels en matière de vote lors des assemblées générales des sociétés cotées.
Intervenant lors du Retirement Summit organisé à Washington par BlackRock le 12 mars, Dimon a déclaré qu’ISS, qui appartient à Deutsche Börse, et Glass Lewis, qui appartient à Peloton Capital Management, un fonds canadien de private equity, et à Stephen Smith, un financier canadien, étaient “incompétents”.
Selon la recension de Semafor, Dimon considère que les deux proxy advisors auraient contribué à un environnement réglementaire ayant conduit à la diminution du nombre de sociétés cotées aux Etats-Unis (7000 en 1996 et moins de 4000 en 2020).
Semafor rappelle que cette diminution a coïncidé avec l’introduction de la loi Sarbanes Oxley en 2003 et s’est accélérée avec la montée en puissance des fonds de capital-investissement, qui ont retiré de nombreuses sociétés de la cote.
De plus, les start-ups financées par les fonds de venture capital restent privées plus longtemps.
Les proxy advisors sont critiqués par les conservateurs en raison de certaines de leurs recommandations en matière de vote, jugées trop progressistes.
Le journaliste rappelle qu’Elon Musk avait osé comparer ISS à ISIS en 2024, après qu’ISS eut recommandé à ses clients de voter contre le package de rémunération de 56 milliards de $ de Musk.
Dans son allégeance au parrain T…p, Dimon est allé jusqu’à dire qu’ISS et Glass Lewis devraient ne plus exister et à inciter leurs clients à ne plus travailler avec eux.
Les deux sociétés avaient senti le vent tourner dès la prise de fonction de T…p et ISS avait annoncé le 11 février dernier que les critères de diversité, d’équité et d’inclusion (DEI) ne seraient plus pris en compte pour une durée indéterminée pour les élections d’administrateurs de sociétés états-uniennes cotées (source).
Quant à Glass Lewis10, elle a annoncé qu’elle fournirait dorénavant deux jeux de recommandations pour l’élection des administrateurs : l’un tenant compte de ses critères en matière de DEI, l’autre n’en tenant pas compte (source).
Quelle étrange époque.
Va-et-vient dans le top 10
L’économie vit : des entreprises se créent, certaines réussissent, d’autres échouent. Certaines grandissent, d’autres décroissent et meurent.
Mêmes tendances dans les indices boursiers : ça va et ça vient.
Dans l’indice S&P 500, représentatif des grandes capitalisations états-uniennes, le top 10 n’est pas immuable, loin de là.
C’est ce qu’a illustré Ben Carlson, CFA, de l’excellent blog A Wealth of Common Sense, dans un billet récent.
Voici donc l’évolution du top 10 du S&P 500 entre 1980 et 2025, par tranche de cinq ans.
Ça a beaucoup changé, non ?
C’est selon Carlson la nature même du capitalisme et des marchés actions.
Il cite la dernière lettre annuelle de Stripe, une société non cotée, dans lequel les co-fondateurs, les frères Collison, écrivent ceci :
Le secteur privé aux Etats-Unis à la fois le berceau d’inventions et un cimetière densément peuplé d’entreprises qui, dans le passé, ont eu des avenirs radieux. Des 500 sociétés présentes dans le S&P 500 à son lancement en 1957, seules 53 sont dans l’indice aujourd’hui. […]
En 1957, les sociétés pouvaient s’attendre à rester dans l’indice pendant 61 ans. En 1980, la durée moyenne de présence était de 36 ans. Aujourd’hui, c’est moins de 20 ans. Les sociétés qui vivent longtemps sont de plus en plus rares.
Le conseil de Ben Carlson pour ne pas manquer les valeurs du top 10 de demain et d’après-demain ? Acheter un fonds indiciel diversifié. Elles y seront un jour au l’autre.
Comme le disait Jack Bogle, le fondateur de Vanguard :
Ne cherchez pas l’aiguille dans la botte de foin, achetez la botte de foin11!
De Bogle, vous pouvez lire Le petit livre pour investir avec bon sens.
Des nouvelles du #H2Ogate
Avertissement : j'ai assisté entre novembre 2022 et avril 2023 l'Association Collectif Porteurs H2O dans le cadre d'une mission rémunérée (détails ici). A vous de déterminer si elle influe sur ma couverture de l'affaire H2O AM sur ce blog.
La bouffonnerie des comptes de Wild Bunch, la société allemande cotée sur la Deutsche Börse majoritairement détenue par une entité contrôlée par Lars Windhorst, continue.
Cette société n’a pas déposé de comptes annuels depuis ceux de… 2021.
Depuis des mois, elle repousse les dates de publication des comptes de 2022 et 2023.
Le 12 mars, les comptes 2022 devaient être publiés le 14 mars et les comptes 2023 le 17 mars. Il n’en fut bien entendu rien.
Promis, juré, ce sera le 21 mars pour les comptes de 2022 (source).
Sur la base de quels comptes fantaisistes H2O AM a pu prêter des centaines de millions d’euros d’argent des autres aux entités contrôlées par un artiste comme Windhorst ?
Depuis la scission des 7 fonds sinistrés de H2O AM, il est très difficile de reconstituer la performance des « vieux » fonds d’avant la scission.
Je me livre à l’exercice en calculant une valeur liquidative reconstituée, égale à la somme de la valeur liquidative des « nouveaux » fonds liquides (FCP à la fin du nom) et de la valeur liquidative mensuelle estimative des side-pockets.
Cette valeur liquidative reconstituée est une fiction, car aucune transaction n’est possible sur les side-pockets.
Mais elle permet de voir où en sont les porteurs de parts. Notamment par rapport au plus-haut historique atteint par les « vieux » fonds avant qu’ils ne heurtent des icebergs et fassent naufrage en février et mars 2020.
Autre limite de l’exercice : rien ne dit que les porteurs de parts récupèreront l’équivalent de la dernière valeur liquidative estimative des side-pockets. On ne le saura que quand toutes les participations illiquides auront été revendues au seul acheteur, Tennor, la holding de Lars Windhorst.
Ou plus exactement au fur et à mesure du remboursement par Tennor de la « first super senior secured note » (FSSSN) émise par Tennor, portant intérêt au taux annuel de 4,5% et prévoyant la possibilité de remboursements intermédiaires. Je rappelle (j’en avais parlé ici) que le remboursement total était initialement prévu début 2022. Les créanciers de Tennor, pour éviter la mise en liquidation de la société imposée par un tribunal néerlandais, ont consenti un délai supplémentaire de 6 mois (soit un remboursement début juillet 2022).
Je rappelle aussi que, comme de bien entendu, il n'y a eu aucun remboursement entre juillet et décembre 2022 de la part de Tennor.
Début janvier 2023, H2O AM a laissé entendre dans un communiqué sybillin que Tennor avait procédé fin 2022 à un premier remboursement partiel susceptible de permettre de diminuer le nominal de la FSSSN de 250 millions d'euros.
En fait de 250 millions, ce sont 143,752 millions qui ont été remboursés d'après mes calculs.
Par ailleurs, un porte-parole de Tennor avait déclaré début janvier au quotidien régional allemand Westfallen-Blatt que la holding de Lars Windhorst avait procédé en 2022 à plusieurs remboursements partiels de la FSSSN, dont un fin 2022 pour solde de tout compte.
Après avoir cessé pendant des mois de mettre à jour la valeur estimative mensuelle de side-pockets, bloquée à fin février 2023, H2O AM a dû se résoudre le 12 septembre 2023 à la baisser pour les 7 fonds.
Puis de nouveau en octobre pour les valeurs estimatives à fin septembre. Puis de nouveau en décembre pour les valeurs estimatives à fin novembre.
En janvier 2024, coup de théâtre : la valorisation estimative à fin décembre 2023 est en hausse.
H2O AM, généralement mutique, publiait le 26 janvier 2024 un communiqué de presse pour annoncer « un nouveau remboursement dans les prochaines semaines ».
Remboursement « de l’ordre de 70 millions d’euros ».
Puis nouveau coup de bambou sur les valorisations à fin janvier 2024, en baisse de 109 millions d'euros (voir ci-dessus), avant même que les 70 millions d'euros annoncés aient été remboursés aux porteurs de parts.
Les 20, 21 et 22 mars 2024 arrivait le remboursement annoncé : H2O AM avait retenu la leçon de sa désastreuse communication sur le premier remboursement et avait choisi d'annoncer un montant inférieur au montant réel, qui est de 85 millions d'euros (voir tableau ci-dessous).
Le 7 août 2024, après la publication du rapport accablant de la FCA (le régulateur britannique) détaillant les nombreux mensonges et manquements de H2O AM, la société de gestion indiquait qu’elle avait “sécurisé” 250 millions d’euros pour rembourser les porteurs de parts.
Sans respecter l’égalité de ces derniers, puisqu’il était indiqué que les porteurs qui “[renonceraient] à toute action contre le Groupe H2O AM et les tierces parties en relation à ces investissements et à leur gestion” bénéficieraient “d’un paiement accéléré et majoré “.
Les autres devront attendre jusqu’à six ans pour être remboursés partiellement.
Entre la valorisation initiale d’octobre 2020 et celle de fin janvier 2025, compte tenu des remboursements de janvier 2023 et mars 2024, la moins-value latente sur les 7 side-pockets est de près de 1 milliard 319 millions d’euros d’après mes calculs.
La valeur résiduelle des side-pockets à fin février 2025 est estimée à un peu plus de 94 millions d'euros.
Si H2O AM rembourse 250 millions d’euros et s'il n'y a pas d’autre remboursement, la perte totale pour les porteurs de parts de side-pockets pourrait donc être de 1 milliard 163 millions d'euros.
Le taux de recouvrement par rapport à la valorisation initiale des side-pockets serait de 29% (remboursement total de 479 124 121 €/1 642 330 150 €).
C'est le casse du siècle.
Pour les fonds liquides, voilà où on en est au 12 mars 2025 (date de la VL des fonds liquides dont le nom se termine par « FCP », la dernière valeur liquidative mensuelle estimative des side-pockets étant en date du 31 janvier 2025).
J'ai ajouté à la VL reconstituée le montant des distributions de janvier 2023 et de mars 2024.
En matière de décollecte, voilà où on en était au 12 mars 2025.
En matière de performance, voilà où on en est au 12 mars 2025.
Les produits dont il a été question dans ma semaine Bluesky 11 peuvent être achetés en priorité chez votre libraire (pour les livres).
Sinon, si vous n’avez vraiment pas accès à un libraire, ou pour les livres en anglais, parfois plus difficiles à se procurer en librairie en France, vous pouvez cliquer sur les liens disséminés dans ce billet (informations sur le programme d’affiliation Amazon ici).
Vous pouvez suivre mon compte Bluesky ici, le compte X d’Alpha Beta Blog là et mon compte X en anglais là.
Je ne suis pas habilité à donner des conseils sur les produits de placement : ne me sollicitez pas pour cela car je ne vous répondrai pas.
Si vous avez des questions, consultez un conseiller en investissement financier. Un conseiller en investissement financier, c’est quelqu’un que vous payez pour qu’il.elle vous donne des conseils. Dans le jargon de MIF 2, seul le conseiller exclusivement payé par ses clients peut se déclarer indépendant.
Quelqu’un qui est payé par les fournisseurs de produits pour vous vendre lesdits produits, c’est un vendeur, pas un conseiller.
Comment trouver un conseiller en investissements financiers (CIF) indépendant au sens de MIF 2 ? C'est à peu près mission impossible : le site de l'ORIAS, qui est l'organisme auprès duquel s'enregistrent les CIF, ne permet pas de rechercher selon les critères "indépendant" ou "non-indépendant". Pas plus que ne le permettent les sites des 4 associations de CIF agréées par l'AMF.
C'est affligeant et scandaleux.
La charte éditoriale d’Alpha Beta Blog est consultable ici.
C’était ma semaine Bluesky 11 de 2025. Sayōnara. さようなら.
Je n’ai rien contre cette profession.
Dont la voix française était celle de l’immortel Roger Carel.
Le Skeet est à Bluesky ce que le Tweet est à Twitter/X.
Je plaisante, bien sûr, le vendeur rétrocommissionné étant condamné à vendre des produits lui versant des rétrocessions.
“Buy when there's blood in the streets, even if it's your own.”
“My best market timing advice to readers would be don’t do it.”
Mouais, plus facile à dire qu’à faire.
“[W]e recognize that the current environment in the US is leading companies to assess the risks of maintaining their diversity programs, including their efforts to diversify their boards. Likewise, we recognize that institutional investors – both those based in the US and those in other countries – have different perspectives, as well as different mandates, and may also choose to take different approaches to voting on diversity matters.”
“Don't look for the needle in the haystack. Just buy the haystack!”